dimanche 18 septembre 2011

Changement de direction

De la zep aux étoiles - Changement de direction
À la suite de toutes ces visites de gîtes et de propriétés en province se dégage un sentiment d'utopie et d'aléatoire. Cette année passée à faire des repérages, des budgets, des prévisions, débouche en ce mois de septembre sur différentes conclusions:
- Trouver un lieu adapté à mon projet est très compliqué
- Ce n'est pas en remplissant 15 semaines par an que je vais être bénéficiaire
- Je n'ai pas les moyens financiers suffisants pour me lancer dans une telle aventure que je veux rentable
- Seul il me sera difficile de gérer autant de structures en soignant l'accueil que j'aime avoir quand je pars en gîte
- Ma femme et mes filles ont des accroches solides à Versailles et dans la région
- Rien ne me dit que je puisse revendre une propriété, même aménagée avec des structures d'hébergements, si l'affaire péréclitait
- Les procédures pour quitter l'éducation nationale et faire que la famille puisse être ensemble en province sont compliquées sinon hasardeuses
- Je me mens encore à moi-même en n'ouvrant pas assez les yeux sur la vie dans un village: les belles propriétés, on les trouve souvent à 3-4 km du centre; même si j'aime me ressourcer en pleine nature, je demeure urbain dans ma façon de vivre.

Mais, encore une fois, que faire ? Pendant que je remplace des enseignants absents, à subir les histoires d'ovaires d'une collègue pendant une surveillance de dortoir, à écouter se plaindre tous ces braves petits soldats obéissants, à m'épuiser sur les routes de Meudon (j'ai des remplacements dans un rayon de 5 km, mais je ne savais pas qu'il y avait autant de côtes ! Et comme prendre un train, un bus, un autre bus me gonfle j'y vais à vélo... la bonne idée !!), je replonge dans les affres de la reconversion.


 Monter une entreprise de services à la personne, qui conjuguerait travail manuel et indépendance ? Le secteur est très occupé, est saisonnier (entretien de jardin par exemple) et ne me garantit pas, loin de là, un salaire suffisant.

Tous ces épisodes ont eu pour conséquence inattendue de nous amener dans cette maison à Porchefontaine, où l'on est bien. D'un tremplin provisoire, c'est devenu notre domicile pour de nombreuses années. À moi de prendre ce fait en compte, et de rayonner autour de cette maison.
Quelques nuits aux rêves agités me murmurent une nouvelle idée: en me rappelant de notre étape à Nantes, je me mets à m'intéresser au tourisme culturel, au tourisme d'affaires, et par conséquent aux hébergements touristiques urbains. Je glâne quelques renseignements sur la fréquentation des meublés urbains, sur la demande existante, sur les offres proposées: très encourageant !

C'est décidé, je vais convertir des appartements situés dans le centre historique de Versailles en chambres d'hôtes, en ciblant à la fois une clientèle étrangère et une clientèle d'affaires.

Le temps presse, j'en ai plus que marre de perdre mon temps et mon moral en classe, bossons, enfin ! 

Première chose à faire: réaliser une étude de marché la plus précise possible sur les chambres d'hôtes Versaillaises.
Deuxième chose: chercher un appartement à acheter.

C'est parti !

mardi 6 septembre 2011

À bas la hiérarchie !

Être enseignant c'est aussi avoir des rapports schizophréniques avec l'autorité. Dans sa classe, on est le maître, on gère tout comme on le veut. On est censé appliquer les programmes, certes - encore que jamais je n'aurais fait apprendre La Marseillaise à mes élèves!- mais avec une grande liberté en ce qui concerne les moyens. C'est d'ailleurs une belle entourloupe statutaire: les profs sont passés de Cadres B (exécutants) à Cadres A (décideurs) en restant très très loin des salaires des cadres A d'autres administrations. On décide de l'organisation matérielle de sa classe, de la programmation des compétences à acquérir, on élabore son propre emploi du temps et on le bouscule si on en a envie, on instaure un climat, une ambiance propre à chacun. C'est plaisant, motivant, ça développe l'autonomie et la responsabilisation. Beaucoup d'enseignants qui se sont reconvertis se sont mis à leur propre compte, moi-même le métier que je cherche à faire entre tout à fait dans cette philosophie.

En revanche, dès qu'on sort de sa classe, ce n'est pas la même attitude... "Notre" hiérarchie se comporte envers nous tantôt comme un parent disputant son enfant, tantôt comme un juge taciturne et inique, tantôt comme un dictateur au cerveau abîmé...

- QUI reçoit ses fiches de paye de la main à la main, au vu de tout le monde ? Les enseignants.
- QUI subit des formations imposées d'intervenants n'ayant jamais mis les pieds dans une école ? Les enseignants.
- QUI n'a jamais vu un médecin du travail pendant toute sa carrière ? Les enseignants.
- QUI se fait poser des lapins par son chef pour une inspection prévue depuis des semaines ?  Les enseignants.
- QUI doit accepter la priorité donnée aux familles alors que le prof a mentionné que leur enfant était "insolent" ? Les enseignants.
- QUI doit se priver d'une maîtresse spécialisée accusé à tort de pédophilie mais jamais défendue par son chef ? Les enseignants.
- QUI peut faire beaucoup plus que le travail qui lui est demandé et n'a aucune reconnaissance, ni financière ni encourageante ? Les enseignants.

En ce mois de septembre 2011, j'ai quitté Nanterre et ses ZEP pour être nommé en tant que prof remplaçant sur Chaville, en attendant...

Coup de fil de ma haute-supérieure à l'Inspection Académique un jour à 9h45: répondeur, je suis en classe. Une voix désagréable me demandant de la rappeler au plus vite, au sujet de mon IDV.
Je tente de la joindre plusieurs fois, jusqu'à enfin tomber sur un "Allo" teinté de lassitude et d'énervement. " Là vous me dérangez, je suis sur un dossier délicat, alors rappelez plus tard, au revoir." Cool...

Passons sur l'inspecteur qui nous conseilla il y a longtemps, face à notre épuisement lié à la difficulté des élèves, de manger du nougat car c'est énergétique...

Passons aussi  sur l'inspectrice qui estime que pour répondre aux exigences du métier de professeur des écoles il est préférable de ne pas avoir d'enfants...

Passons enfin sur les services de l'éducation nationale, incompétents, injoignables, inefficaces...

Ce qui m'a toujours surpris c'est de tomber sur des directeurs, sur des équipes acceptant cet état de fait sans broncher. " Vous la payez chère votre sécurité de l'emploi" disait un copain... Tu m'étonnes....

Allez, pour exulter et se faire plaisir: