Un bien bel article de Paul-Julien Roux, futur ex-instit rencontré en ligne, avec lequel je partage, j'échange, je parle de tout ce que peux ressentir un fonctionnaire, qui en plus fait le plus beau métier du monde, lorsqu'il réalise que son métier l'enfonce dans l'obscurité et le désespoir...
En échange de ce copié/collé, un peu de pub pour lui. Il n'ouvre pas de meublés de tourisme lui, mais souhaite vivre de sa plume, allez jeter un oeil...
Voilà
six mois, à quelques jours près, que j'ai quitté ma classe, que j'ai
donné mes derniers cours à l'école de la République Française. Six mois
que j'ai débuté, dans l'inconnu, ce processus de reconversion dont je
savais pertinemment que son accomplissement serait tout sauf simple. Six
mois que j'ai quitté le confort (relatif) d'une situation qui ne me
convenait plus. Six mois que je me suis paradoxalement ouvert les portes
de la liberté, suscitant une certaine forme d'incompréhension chez
certains de mes proches, de mes ex-collègues et ex-supérieurs. Car c'est
ce qui est important : malgré les difficultés, les échecs, les doutes,
la perte financière, je me considère dorénavant comme un être libre et
je peux dire maintenant haut et fort que j'assume ce choix, que j'en
suis fier, que je le vis extrêmement bien. C'est une belle première
victoire, même si bien sûr, le plus dur reste à faire.
En
six mois, j'ai l'impression d'avoir appris et surtout d'avoir grandi
plus qu'en dix ans d'enseignement, même si je ne renie pas ces années,
loin de là même. Elles sont pourtant derrière moi, et elles font
maintenant partie du passé. Point. Certains trouvent ma démarche
courageuse, d'autres stupide, et la plupart s'en tapent comme de l'an
quarante. Je remercie les premiers pour la confiance qu'ils m'accordent
et rétorque aux seconds que la vie mérite d'être vécue, et non d'être
subie (quand aux troisièmes, je les comprends tout à fait, et les ignore
à mon tour). Vivre une vie qui ne nous convient plus seulement par peur
de la perte d'une situation et d'un confort matériel est un choix. Un
choix que je peux comprendre, bien sûr, car il peut avoir ses
obligations et ses nécessités, mais un choix qui n'est pas le mien. Je
n'ai pas besoin d'être jugé pour mes choix. Je suis le maître de mon
destin, et comme je l'ai déjà dit, je l'assume (et j'emmerde par la même
occasion ceux qui pensent le contraire). La nourriture de l'âme est au
moins aussi importante que celle du corps. Je préfère devoir faire des
sacrifices "alimentaires" et profiter pleinement de ma vie d'homme,
utiliser mon libre-arbitre comme il me sied, en individu libre. Tout le
monde le sait : le coffre fort ne suivra pas le corbillard. Car
pour moi, le pire serait, comme je l'ai vu chez tant de personnes, de
me retrouver à l'automne de ma vie (et même avant !) empli de regrets,
d'avoir le sentiment de ne pas avoir assez profité, de ne pas avoir
l'impression d'avoir VECU. Le temps des remords. Ils viendront
certainement, mais je ne pourrais pas dire que je n'ai pas essayé.
Depuis six mois, au-delà des considérations matérielles, j'ai
l'impression de revivre, de débuter une nouvelle aventure, d'être en
totale phase avec moi-même, d'être enfin maître de mon destin, comme je
l'ai déjà évoqué. La vie de professeur des écoles ne me convenait pas en
ce sens qu'elle m'imposait trop de barrières, de contraintes et de
concessions pour pouvoir être vécue sereinement, malgré cette image
(d'Epinal) de liberté et de confort associée à l'instituteur et qui est
coutume dans la société. C'est peut-être le cas pour certains, mais moi,
je ne l'ai pas vécu comme ça. Je n'étais sans doute pas assez dans le
"moule institutionnel". Enfin, ce n'était pas non plus un cauchemar,
hein, que ce soit bien clair ; il me semble que je me débrouillais
plutôt pas mal mais depuis quelques temps, j'avais des envies
d'ailleurs, d'autre(s) chose(s). Basta !
Un
changement géographique radical et une mise en disponibilité (dont je
viens d'apprendre officieusement qu'elle a été prolongée) plus tard, me
voilà sur un nouveau chemin, que j'arpente plutôt sereinement malgré
l'épée de Damoclès qui me menace ; l'argent (enfin plutôt son absence),
le nerf de la guerre n'est-ce pas ? Tant pis pour l'argent, et peu
importe si je dois m'endetter, je suis mon seul guide et je suis ce
guide qui n'est autre que moi-même. Un grand merci à Audrey, au passage,
ma compagne, qui me soutient et est partie prenante, malgré les
sacrifices, de ce projet que certains trouvent fou mais qui je l'espère,
portera ses fruits. Elle est la pierre angulaire de l'hypothétique
réussite de cette "entreprise". Sans elle, donc, rien de tout cela ne
serait possible. S'il y a une personne à qui je dois prouver que j'en
suis capable, ce sera toi (et moi aussi, un peu...).
Alors
pour tous ceux, enseignants ou non, qui voudraient changer de vie, ou
qui voudraient tout simplement la vivre, cette putain de vie, pour tous
ceux qui ont besoin d'autres horizons, d'autres valeurs, qui souhaitent
se sentir libre dans ce monde avilissant, je n'aurais qu'un mot en
triple exemplaire, foncez, foncez, foncez : la vie est courte et chaque
seconde d'hésitation nous rapproche un peu plus de la fin, de ce retour
inéluctable à l'état primordial de poussière. Si nous avons une seule
chance, c'est celle de vivre dans une contrée en paix, plutôt apaisée.
Alors profitons-en, merde, au lieu de nous lamenter sur notre sort de
privilégiés... Pour les autres, ceux qui s'estiment heureux, ceux qui ne
veulent pas, ou qui ne peuvent pas changer, ou tenter ce changement,
profitez, vivez ces instants comme s'ils étaient les derniers. Ils le
sont d'ailleurs peut-être, les derniers... Car l'heure approche...
Nouvelles (pas très) fraîches...
Pour ceux qui me suivent, peu de nouvelles cet an-ci. En effet, si vous avez lu les précédents articles reconversion, vous savez donc déjà que je me dirige vers un master 2
l'an prochain suite à la validation des acquis et de l'expérience pour
reprise d'étude qui m'a été accordée. Il me reste maintenant à
m'inscrire à la faculté (fin juin), d'autant que ma disponibilité a été A PRIORI
prolongée, même si je n'ai toujours pas le papier officiel (Ben ouais,
l'administration... Enfin, j'ai eu quelqu'un au téléphone, c'est déjà
une belle victoire... ). Je vais devoir également trouver un
financement, dans l'idéal un mix entre un crédit et l'accumulation de
petits boulots (cours particuliers ?) cet été et l'an prochain. En
effet, pour l'autoentreprenariat, ça m'a l'air d'être bien compromis vus
les retours gouvernementaux. Le statut risque fortement de disparaître
avant la fin de l'été. Je vais donc attendre un peu histoire de prendre
la température...
Reprise des cours prévue donc le 4 septembre, puis stage au deuxième
semestre. En attendant, je continue de publier des articles pour Agoravox, Educavox, Hype Webzine
(chroniques à venir dans le n°4 qui sort le 1er juillet) en temps que
bénévole. Je souhaiterais maintenant pouvoir publier en facturant mes
services, en travaillant en free-lance par exemple... Si quelqu'un a des
infos, une idée ou des plans, je suis preneur... Après quelques jours
d'un repos bien mérité (?), je ne manquerai pas de m'atteler à cette
tâche.
A bientôt...
Quelle que soit la manière d'aborder le changement,
soyez en fiers...
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