jeudi 15 décembre 2011

L'école, le projet et le chat

Que de remplacements à faire ce mois-ci ! Chaque jour dans une école différente, parfois même deux écoles dans une journée, je ne chôme pas ! J'arrive à prendre du recul, à ne pas trop m'investir moralement, je tente une approche ethnologique/sociologique des élèves et des équipes rencontrées. Il y a une atmosphère très différente selon les écoles, l'envie de faire, la motivation, le rapport aux enfants, l'organisation de la classe, l'approche des apprentissages, tout cela crée une sorte de micro-climat qui fait que les enfants y évoluent différemment. Ce qui me marque également, c'est l'esthétique des lieux. Dans une classe décorée, rangée, pensée, les élèves -et les adultes- s'épanouissent davantage que dans une classe sans affichage, sans matériel, aux murs lézardés, aux toilettes honteuses...

Ici l'objectif est que chaque élève remplisse ses fiches de travail, aidé s'il le faut par un adulte, alors que le gamin n'a rien compris. Quel intérêt à s'énerver et à faire le travail à la place d'un enfant qui ne sait pas dénombrer plus de 4 objets ?  Oui, il aura sa fiche remplie, collée dans le cahier, mais cela ne lui aura rien appris...
Ici on considère les élèves comme des petits monstres qu'il faut occuper le plus possible, en silence. Du coup on accumule les fiches, on tolère très peu qu'ils jouent. J'ai "osé" leur apprendre une chanson dans laquelle on a le droit de hurler, les enfants n'en revenaient pas. L'Atsem non plus, qui m'a lancé un regard noir !
 

Là, la directrice me dit un midi: "Tu n'as pas fait le soutien ?" Ben non, pour un jour de remplacement je ne fais pas ce soutien, je ne connais pas les élèves. "Et bien moi, me lance-t-elle, l'an dernier j'étais remplaçant comme toi, et j'ai réussi à faire 50h de soutien sur les 60 que je devais" " C'est bien, bravo" ai-je répondu en quittant la pièce...
 Ça me rappelle ce film d'Enki Bilal, dans lequel un personnage se voyait promu "Zélateur du mois" ...


Bref, fatigant, amusant, mais mon projet entretient ma motivation, car j'ai toujours cette impression de perte de temps à l'école, et d'une école qui ne va pas en s'améliorant...

J'ai eu un premier courrier du notaire qui va effectuer la vente du futur gîte urbain, les diverses autorisations et renseignements administratifs sont en cours, on attend. Je dois bientôt rencontrer la propriétaire actuelle pour discuter des travaux à effectuer, et dès que j'ai un moment je consulte un tas de blogs et de sites de déco, de chambre d'hôtes très sympa pour cerner au mieux les aménagements que je vais faire.

Ce blog-journal de ma reconversion a une petite audience depuis le début, jusqu'à il y a quelques jours où plus de 950 pages sont lues dans une journée ! C'est grâce à un coup de projecteur du forum top-rural invitant tous ses abonnés à venir y faire un tour, un grand merci à eux ! Du coup j'ai eu plein de commentaires, très enrichissants, de l'encouragement aux conseils, du retour d'expérience aux propositions de coups de main, c'est super !


Après ces journées denses à l'école, l'esprit occupé par l'ouverture prochaine du gîte à Versailles, chaque soir je prends une dose de décontraction féline: Chatouille notre chat distribue ses ron-rons à chaque membre de la famille, cet amour fidèle d'une bête est merveilleux. Au bout de quelques caresses, on se sent relaxé, un sourire apparaît naturellement... La chathérapie, il n'y a rien de mieux !



L'image du début de cet article est un livre excellent de Martin Vidberg.

mercredi 30 novembre 2011

Novembre en attendant...

Je me sens comme un gamin de 17 ans et demi qui sait qu'il a un beau pécule sur son livret, mais qui doit attendre quelques mois avant d'y toucher... J'ai acheté un chouette appartement dans un chouette quartier de Versailles, mais ça ne sert à rien de se précipiter, la vente n'est pas faite officiellement. J'ai quasiment tout en tête et sur papier, prêt à être développé concrètement, je planche même sur un autre gîte urbain accessible aux personnes handicapées, mais il me faut attendre... Pas facile ! la question de l'argent est présente aussi, il faut bien réfléchir à quand demander l'IDV, à quand créer mon entreprise, à quand commencer l'activité. Tel que les choses se profilent, je pense "ouvrir" à la fin du printemps 2012.


 Alors en attendant, retour à la case "École". Lundi, petite section de maternelle, mardi CE1 dans une école pourrie, jeudi en moyenne section, vendredi en double niveau CE1/CM2, et on recommence la semaine suivante...
J'essaie au maximum de mes capacités d'y aller l'esprit libre, n'accordant aucune importance à ce que je vois. Et pourtant...


Que d'équipes qui font la tête et se plaignent toute la journée !
Que de classes laissées à l'abandon, sans matériel, sans affichages, sans règles !
J'ai d'agréables surprises aussi, tel cet enfant de 4 ans ne supportant pas que sa maîtresse ne soit pas là, et qui pourtant finit la journée main dans la main avec moi... Ou cet autre m'appelant "papa", ou ces grands de CM2 démesurément joyeux parce que je leur annonce que je ne leur donne pas de devoirs (je suis dans leur classe une journée, autant que tout le monde la passe le mieux possible !)

D'autres expériences sont plus pesantes. Des équipes dans la critique constante, des écoles où il n'y a aucun endroit pour manger pour les adultes, on se retrouve à manger un repas dégueulasse en barquettes plastiques dans une classe sur une table sous laquelle nos genoux n'ont pas de place. Ailleurs il n'y a pas de pause ce midi, réunionnite aiguë. Dans un autre endroit, des enfants de 4 ans doivent colorier une photocopie d'un dessin représentant l'automne afin d'illustrer le mois de novembre qui commence; un arbre sans feuille est dessiné en traits gras, sans aucun espace pour mettre de la couleur... L'Atsem présente leur demande de repasser sur les traits bien noirs et bien épais avec leurs feutres, en leur criant dessus:" EST-CE QUE LE VIOLET C'EST UNE COULEUR DE L'AUTOMNE ? TU TE FICHES DE MOI?"  4 ans le môme... horrible.



Et puis je rencontre aussi des gens incroyables. Telle cette maîtresse, double niveau CP/CM2, plus que sympa, plus que drôle, présente à l'école de 7h30 à 18h30, 36h hebdomadaires payées 26, passionnée par ce qu'elle fait, mais de plus en plus démoralisée par le traitement et la pression qu'elle subit...

Je m'ennuie. J'attends chaque matin avec un mélange d'angoisse, de lassitude mais de nécessité l'appel de la secrétaire de l'inspection de l'éducation nationale, "Nous vous prions de bien vouloir vous rendre à l'école X afin d'effectuer le remplacement de Mme Y".
Je m'ennuie. Payé à surveiller des pitchounes en train de dormir, payé à rabrouer des grands qui ne voient pas l'intérêt de souligner les groupes nominaux en bleu et les groupes facultatifs en vert, payé à m'ennuyer deux heures le midi... D'aucuns pourraient me dire quelle chance j'ai d'avoir un salaire, je sais, j'en suis conscient, de plus en plus en ce moment, mais vraiment j'aspire à autre chose...

mardi 22 novembre 2011

Versailles en automne

Quelques photos prises en déambulant dans les rues de Versailles.
Avenue de Paris, Château, Quartier Saint-Louis, Domaine de Mme Élisabeth, Pièce d'eau des Suisses...

J'engrange ces images pour illustrer les pages du futur site de location.
Work in progress...


De la zep aux étoiles - Versailles en Automne

De la zep aux étoiles - Versailles en Automne

De la zep aux étoiles - Versailles en Automne

De la zep aux étoiles - Versailles en Automne

De la zep aux étoiles - Versailles en Automne

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De la zep aux étoiles - Versailles en Automne


De la zep aux étoiles - Versailles en Automne

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De la zep aux étoiles - Versailles en Automne

De la zep aux étoiles - Versailles en Automne

De la zep aux étoiles - Versailles en Automne

samedi 19 novembre 2011

Faire des choix... et les bons tant qu'à faire !

Je viens de terminer l'aménagement de notre entrée, le résultat est sympa.



Mais qu'est-ce que c'est long, ou plutôt qu'est-ce que je mets comme temps à bricoler ! Bon, il y a des raisons, découper en suivant une pente, installer un va-et-vient, tricher de façon invisible quand les murs ne sont pas droits... Mais quand même je ne me trouve pas aussi rapide que j'aimerais l'être.

Mon moniteur d'auto-école me qualifie de "doué et nerveux".

Doué, nerveux, perfectionniste... Exactement la manière dont je prépare la future ouverture de mon premier gîte urbain. C'est passionnant, excitant, mais loin d'être simple. Pour que tout roule le jour d'ouverture, il faut décider de l'organisation maintenant, en essayant au maximum de ressentir les désirs et les besoins des gens et de se projeter dans les mois et les années qui vont suivre.



En gros, voilà à quoi j'occupe donc mon temps libre en ce moment:

Aménagement, décoration...
  • comment installer des WC suspendus pour gagner de la place
  • repenser l'électricité, l'accessibilité des prises, les différents éclairages selon les pièces
  • quelles couleurs pour quelle pièces
  • quel mobilier dans la cuisine, moderne, tendance "color block" (et oui sans le savoir chuis à fond dans la mode !) fonctionnel, solide
  • contact avec la futur-ex propriétaire pour discuter des travaux qu'elle prévoyait de faire avant la vente et mes souhaits
  • mettre à disposition un accès Internet: wifi ? box ? 
Accès
  • Contact de l'entreprise qui a installé des interphones pour qu'elle rajoute un digicode
  • comparatif des serrures à code pour la porte de l'appartement
Concurrence
  • liste exhaustive des hébergements touristiques existants à Versailles
Ce point-là était intéressant à réaliser. On voit un peu de tout, des chambres à plus de 130€ la nuit, qualifiées de "luxe" quand celui-ci consiste à mettre des dorures, des moulures sculptées, des bustes... L'idée doit être "On est à Versailles, donc château, donc on va se calquer sur la déco des pièces royales." Mouais... Pas trop mon truc. D'autres sont beaucoup moins chères, mais pour accéder au coin-cuisine il faudra donner 10€, pour regarder la télé, 7€ !! D'autres imposent un forfait ménage de fin de séjour obligatoire à 50€... D'autres encore ont un site Internet mal bâti, vieillot avec des liens qui ne marchent plus... Bref, une petite étude de marché très instructive pour avoir une idée des prix pratiqués, des services offerts, de la visibilité de chaque location...
  • petit-déjeuner, comment, combien, avec quoi...
  • partenaires à contacter pour offrir des services dans un genre de "pack", nuit + soins de beauté / visites touristiques / restaurants choisis, etc.
Internet
  • Acheter un nom de domaine pour avoir son propre hébergement
  • décider du nom
  • essais de plusieurs plateformes de construction de sites: joomla, modx, jimdo, wordpress, spip... Pfff, quelle jungle ! 
  • quelles pages, comment insérer un formulaire de réservation, un autre de paiement en ligne
  • quel type de contrat, quelles conditions
  • sur quels annuaires s'inscrire
  • labellisation ou pas, avantages et inconvénients...
 Je tombe sur des adresses de lieux qui donnent envie d'y aller et qui sont une riche source d'inspiration, par exemple Rennes Attitude ou Un Coin Chez Soi.





Plus mon budget prévisionnel, à ajuster au mieux avec les nouvelles données, penser à l'assurance, aux taxes locales et professionnelles, à la Sacem (et oui, obligé de payer une redevance Sacem car je mets à disposition une télévision à du public, donc il me faut payer des droits d'auteur !)...

Doué, nerveux et lent. Alors j'y mets un temps fou, je veux un truc aux petits oignons, mais tout ça ne se fait pas de manière zen ! (D'ailleurs, il faut que j'aille racheter du café...)

dimanche 13 novembre 2011

Ouverture d'une chambre d'hôtes: Du concret !

Lorsque je cherchais à acheter des propriétés en province, j'avais tout le temps nécessaire pour réfléchir entre la date de parution de l'annonce et la vente. Certaines d'entre elles sont d'ailleurs toujours à la recherche d'acheteurs, des mois après.
Rien à voir avec le marché de l'immobilier à Versailles ! Il ne s'écoule guère plus de 72h avant qu'un appartement soit vendu ! 

Je me suis donc mis en quête d'un petit cocon pour démarrer mon projet d'accueil touristique. 
Première visite: un deux pièces sous les toits non loin du bassin de Neptune, très mansardé, au 5ème étage sans ascenseur, l'état intérieur laisse à désirer... C'est non.
Deuxième et troisième tentatives, même scénario: je repère l'annonce un matin sur Internet, et le temps de situer le bien, de réfléchir à la faisabilité d'une transformation de l'appartement en chambre d'hôtes, de décrocher mon téléphone... c'était déjà vendu !
Ultime essai, je huile mon combiné de téléphone afin de dégainer le plus rapidement possible, je fais quelques échauffements préalables, et je guette, l'index à quelques millimètres au dessus de la souris...
Top, j'en ai vu un ! Exercice de lecture rapide des données, temps de réflexion optimisé, le numéro de téléphone de l'agence est déjà composé. L'appartement est bien en vente, depuis la veille, et oui il est possible de le visiter dans quelques heures !

Rendez-vous pris en fin de matinée, j'arrive même un quart d'heure en avance, l'agent immobilier est disponible, il prend les clefs et nous allons visiter ce deux pièces de 25m² en plein cœur du quartier Saint-Louis. Un des quartiers que je recherchais, avec celui de Notre-Dame, c'est le Versailles historique, les rues piétonnes, la gare, le château à proximité, la belle place de la Cathédrale, l'insolite Potager du Roi, la salle du Jeu de Paume, sans oublier le Palais des Congrès qui draine beaucoup de touristes "d'affaires". 


L'appartement est au premier étage, on entre dans une pièce avec coin-cuisine, une petite salle de bains y est accolée, puis en montant une marche on arrive dans la pièce principale, murs refaits à neuf et poutres au plafond. Des travaux de rajeunissement sont en cours, le meuble de cuisine va être remplacé et l'électricité est refaite partout. Points positifs: la situation, la surface, le cachet de la pièce de vie. Points négatifs: l'étroitesse de la salle de bains, mais la disposition des éléments ne peut qu'être améliorée. L'appartement est sombre également, mais dans l'idée d'en faire un lieu de vie pour des personnes de passage qui y seront en général de la fin de l'après-midi au milieu de matinée suivante, ce n'est pas un handicap, au contraire; il se dégage déjà une ambiance cosy dans la pièce principale, les idées ne manquent pas !



Avant de venir au rendez-vous, j'avais fait une simulation des frais de notaire pour avoir une idée globale du prix, car je souhaite garder autant d'argent que possible pour réaliser un aménagement fonctionnel et une décoration fouillée des pièces.

Je propose donc un prix de vente à 10 000 € de moins que le prix annoncé, en précisant que je paye cash.
Dix minutes après je mettais noir sur blanc ces conditions.
Trois heures après l'agent immobilier me rappelle: "On a eu chaud ! Une autre agence était sur le coup, il y avait d'autres personnes intéressées, mais comme le vendeur veut aller vite, il accepte votre nouveau prix car vous payez cash!" Whaoûû ! 
Vingt-quatre heures après les diagnostics étaient réalisés.
Cinq jours après nous signions le compromis de vente.

L'aventure peut commencer, et à la satisfaction d'avoir trouvé un chouette appartement s'ajoute le plaisir d'une petite revanche sur le passé, quand deux affaires m'étaient passé sous le nez, les vendeurs ayant favorisé à chaque fois ceux qui payaient cash ...

dimanche 16 octobre 2011

Formation à la création de chambres d'hôtes

Je suis abonné depuis quelques temps à "Accueillir Magazine", un mensuel qui s'adresse aux propriétaires de chambres d'hôtes. Depuis que mon projet s'oriente vers l'ouverture de chambres d'hôtes sur Versailles et non plus sur un ensemble de gîtes en province, j'ai repris chaque numéro avec plaisir et intérêt.
Deux personnes seulement gèrent ce mensuel, mais quel travail effectué ! C'est à cette occasion de lectures approfondies que j'apprends l'existence d'un stage organisé par les rédacteurs de ce magazine.
Pendant deux jours, une formation dense dont voici le programme annoncé:

Le programme de la formation a été conçu pour traiter tous les aspects de la création d’une maison d’hôtes mais aussi la mise en place d’activités complémentaires : 
- Construire son projet de chambres d'hôtes 
- Réussir le projet immobilier, l'achat et la négociation 
- Éviter les pièges liés à l'urbanisme 
- Penser les aménagements pour se simplifier le quotidien
- Connaître les acteurs du secteur, labels collectivités... 
- Faire son étude de marché et exploiter les statistiques 
- Définir ses prix et son positionnement 
- Identifier tous les outils de promotion de sa maison d'hôtes, leurs atouts, leurs limites 
- Utiliser au mieux les possibilités offertes par internet
- Faire les bons choix juridiques et fiscaux 
- Faire son budget et améliorer la rentabilité de son projet 
- Prendre en compte les réglementations 
- Capitaliser sur ses atouts
- Définir son plan d’action 

Chaque stagiaire reçoit des supports de formation qui couvrent l’ensemble du stage ainsi qu'Horizon Hôtes, une trame de business plan et les tableaux financiers spécifiques à la création d’une maison d’hôtes.

L'exhaustivité du contenu me motive, et coup de pot, un désistement de dernière minute m'offre une place pour les 14 et 15 octobre. Le vendredi et le samedi ce sont donc dix-sept heures de formation passionnantes.
Les animateurs abordent chacun des sujets différents et complémentaires, les contenus sont tantôt théoriques tantôt pragmatiques, je sens que les sujets sont abordés de façon juste et précise, que les conseils sont distillés d'après des expériences vécues; de plus nous sommes un petit groupe, très hétérogène, et en déjeunant deux midis durant ensemble, nos expériences et nos envies respectives contribuent à donner à chacun d'entre nous un large éventail des façons de faire, des manières d'être, des astuces, des écueils à éviter liés à ce métier.

Les rappels de la réglementation, des aspects juridiques et fiscaux m'ont permis de synthétiser ce que j'avais lu sur Internet et dans mes bouquins. Nous avons aussi abordé l'importance croissante de la visibilité sur Internet, ce qu'il faut faire pour exister et être vu en ligne, jusqu'aux dérives actuelles dont nous avons longuement parlé, comme les avis de clients publiés en ligne qui instaurent un classement de la structure d'hébergement parfois à l'insu du propriétaire, et souvent rédigés sous le coup de la frustration ou de l’incompréhension. Allez jeter un oeil sur TripAdvisor pour ne pas le citer, et lisez les commentaires négatifs...

Ce qui m'a marqué, c'est la façon de concevoir l'accueil et l'hébergement, du point de vue du créateur. Louer des chambres d'hôtes ne se traduit pas par proposer des nuitées, mais par proposer des séjours, et ça c'est important. Nous ne sommes pas gestionnaires de chambres d'hôtel, mais personnes physiques qui mettons tout en place pour qu'un hôte passe un séjour agréable, dépaysant et reposant.

Ce qui m'a marqué encore plus, c'est la définition du luxe vue par ces deux formateurs: le luxe ce n'est pas du cher, du clinquant, de la démesure; le luxe, c'est que l'hôte passe un séjour qui soit organisé et huilé à la perfection: avoir tout ce dont on a besoin sans avoir à un moment à se dire: " C'est dommage, il manque un éclairage ici / rien n'est prévu pour un de mes besoins ou envies de touriste / il n'y a rien pour poser ma valise / ce meuble n'est pas pratique" etc. etc. C'est ça qui est passionnant: tenter de se mettre à la place d'une femme d'affaire, d'un couple sénégalais, d'une association religieuse, d'un touriste pressé, d'un vieil homme affaibli ou d'un jeune adulte fonceur... Et de penser l'organisation, l'aménagement de sa chambre d'hôtes afin que tout tombe sous le sens et que la personne n'ait pas le souvenir qu'il manquait quelque chose pour son séjour. Cette formation m'a donné envie, m'a remotivé, m'a fait aussi prendre conscience qu'on se s'improvise pas propriétaire de chambre d'hôtes.

Réfléchir, concevoir, anticiper, mettre en œuvre, se remettre en question, s'adapter à un public donné... Finalement des compétences demandées également aux professeurs des écoles ! Mais avec un résultat lié aux efforts engagés, et en décidant soi-même de sa philosophie à l'origine des actions. Une énorme différence...

dimanche 18 septembre 2011

Changement de direction

De la zep aux étoiles - Changement de direction
À la suite de toutes ces visites de gîtes et de propriétés en province se dégage un sentiment d'utopie et d'aléatoire. Cette année passée à faire des repérages, des budgets, des prévisions, débouche en ce mois de septembre sur différentes conclusions:
- Trouver un lieu adapté à mon projet est très compliqué
- Ce n'est pas en remplissant 15 semaines par an que je vais être bénéficiaire
- Je n'ai pas les moyens financiers suffisants pour me lancer dans une telle aventure que je veux rentable
- Seul il me sera difficile de gérer autant de structures en soignant l'accueil que j'aime avoir quand je pars en gîte
- Ma femme et mes filles ont des accroches solides à Versailles et dans la région
- Rien ne me dit que je puisse revendre une propriété, même aménagée avec des structures d'hébergements, si l'affaire péréclitait
- Les procédures pour quitter l'éducation nationale et faire que la famille puisse être ensemble en province sont compliquées sinon hasardeuses
- Je me mens encore à moi-même en n'ouvrant pas assez les yeux sur la vie dans un village: les belles propriétés, on les trouve souvent à 3-4 km du centre; même si j'aime me ressourcer en pleine nature, je demeure urbain dans ma façon de vivre.

Mais, encore une fois, que faire ? Pendant que je remplace des enseignants absents, à subir les histoires d'ovaires d'une collègue pendant une surveillance de dortoir, à écouter se plaindre tous ces braves petits soldats obéissants, à m'épuiser sur les routes de Meudon (j'ai des remplacements dans un rayon de 5 km, mais je ne savais pas qu'il y avait autant de côtes ! Et comme prendre un train, un bus, un autre bus me gonfle j'y vais à vélo... la bonne idée !!), je replonge dans les affres de la reconversion.


 Monter une entreprise de services à la personne, qui conjuguerait travail manuel et indépendance ? Le secteur est très occupé, est saisonnier (entretien de jardin par exemple) et ne me garantit pas, loin de là, un salaire suffisant.

Tous ces épisodes ont eu pour conséquence inattendue de nous amener dans cette maison à Porchefontaine, où l'on est bien. D'un tremplin provisoire, c'est devenu notre domicile pour de nombreuses années. À moi de prendre ce fait en compte, et de rayonner autour de cette maison.
Quelques nuits aux rêves agités me murmurent une nouvelle idée: en me rappelant de notre étape à Nantes, je me mets à m'intéresser au tourisme culturel, au tourisme d'affaires, et par conséquent aux hébergements touristiques urbains. Je glâne quelques renseignements sur la fréquentation des meublés urbains, sur la demande existante, sur les offres proposées: très encourageant !

C'est décidé, je vais convertir des appartements situés dans le centre historique de Versailles en chambres d'hôtes, en ciblant à la fois une clientèle étrangère et une clientèle d'affaires.

Le temps presse, j'en ai plus que marre de perdre mon temps et mon moral en classe, bossons, enfin ! 

Première chose à faire: réaliser une étude de marché la plus précise possible sur les chambres d'hôtes Versaillaises.
Deuxième chose: chercher un appartement à acheter.

C'est parti !

mardi 6 septembre 2011

À bas la hiérarchie !

Être enseignant c'est aussi avoir des rapports schizophréniques avec l'autorité. Dans sa classe, on est le maître, on gère tout comme on le veut. On est censé appliquer les programmes, certes - encore que jamais je n'aurais fait apprendre La Marseillaise à mes élèves!- mais avec une grande liberté en ce qui concerne les moyens. C'est d'ailleurs une belle entourloupe statutaire: les profs sont passés de Cadres B (exécutants) à Cadres A (décideurs) en restant très très loin des salaires des cadres A d'autres administrations. On décide de l'organisation matérielle de sa classe, de la programmation des compétences à acquérir, on élabore son propre emploi du temps et on le bouscule si on en a envie, on instaure un climat, une ambiance propre à chacun. C'est plaisant, motivant, ça développe l'autonomie et la responsabilisation. Beaucoup d'enseignants qui se sont reconvertis se sont mis à leur propre compte, moi-même le métier que je cherche à faire entre tout à fait dans cette philosophie.

En revanche, dès qu'on sort de sa classe, ce n'est pas la même attitude... "Notre" hiérarchie se comporte envers nous tantôt comme un parent disputant son enfant, tantôt comme un juge taciturne et inique, tantôt comme un dictateur au cerveau abîmé...

- QUI reçoit ses fiches de paye de la main à la main, au vu de tout le monde ? Les enseignants.
- QUI subit des formations imposées d'intervenants n'ayant jamais mis les pieds dans une école ? Les enseignants.
- QUI n'a jamais vu un médecin du travail pendant toute sa carrière ? Les enseignants.
- QUI se fait poser des lapins par son chef pour une inspection prévue depuis des semaines ?  Les enseignants.
- QUI doit accepter la priorité donnée aux familles alors que le prof a mentionné que leur enfant était "insolent" ? Les enseignants.
- QUI doit se priver d'une maîtresse spécialisée accusé à tort de pédophilie mais jamais défendue par son chef ? Les enseignants.
- QUI peut faire beaucoup plus que le travail qui lui est demandé et n'a aucune reconnaissance, ni financière ni encourageante ? Les enseignants.

En ce mois de septembre 2011, j'ai quitté Nanterre et ses ZEP pour être nommé en tant que prof remplaçant sur Chaville, en attendant...

Coup de fil de ma haute-supérieure à l'Inspection Académique un jour à 9h45: répondeur, je suis en classe. Une voix désagréable me demandant de la rappeler au plus vite, au sujet de mon IDV.
Je tente de la joindre plusieurs fois, jusqu'à enfin tomber sur un "Allo" teinté de lassitude et d'énervement. " Là vous me dérangez, je suis sur un dossier délicat, alors rappelez plus tard, au revoir." Cool...

Passons sur l'inspecteur qui nous conseilla il y a longtemps, face à notre épuisement lié à la difficulté des élèves, de manger du nougat car c'est énergétique...

Passons aussi  sur l'inspectrice qui estime que pour répondre aux exigences du métier de professeur des écoles il est préférable de ne pas avoir d'enfants...

Passons enfin sur les services de l'éducation nationale, incompétents, injoignables, inefficaces...

Ce qui m'a toujours surpris c'est de tomber sur des directeurs, sur des équipes acceptant cet état de fait sans broncher. " Vous la payez chère votre sécurité de l'emploi" disait un copain... Tu m'étonnes....

Allez, pour exulter et se faire plaisir:

mercredi 15 juin 2011

On a failli acheter - 4/4

À force de recherches poussées dans le Morbihan, je tombe un jour sur une propriété qui me fait dire: "C'est celle-là." Sur trois hectares de terrain, un ancien moulin à vent a reçu une extension en bois qui transforme l'ensemble en une maison qui a du cachet. Sur le terrain existe une chaumière, le tout se situe non loin d'Allaire dans le Morbihan. 350 000€, pas donné, mais un côté insolite inestimable.


Nous effectuons une visite courant juin, et de retour à Versailles je me replonge dans mes calculs. Yourte, Carré d'Étoiles, chaumière réaménagée, je prends contact avec tous les fournisseurs pour avoir une idée la plus précise du coût. 
J'élabore aussi une carte thématique des "choses à faire en tant que touriste" aux alentours, ainsi qu'un répertoire des lieux ou des événements pouvant amener une clientèle: facultés, grandes écoles, festivals, attractions... La fonction "Mes adresses" de Google Maps est très utile à cette fin: on peut attribuer des symboles, des couleurs différentes à chaque lieu repéré, et mémoriser le tout.

Je suis emballé, excité, et pourtant quelque chose me freine encore. Devrai-je subir ces freins pendant toute ma reconversion, tributaire de ce mélange de culpabilité et d'irréalisable qui me hante ? Est-ce que mes intuitions sont à écouter ? Quitter un métier qui offre la sécurité de l'emploi pour un métier à la rentabilité aléatoire a de quoi faire peur, mais est-ce qu'au delà de cette peur légitime il n'y aurait pas des doutes réels liés à la faisabilité de mon entreprise ? Pas évident de faire la part des choses...

Il y a des coups de frein tangibles: le terrain de cette propriété n'est pas constructible. Et comme je le disais dans un précédent article, vouloir aller à l'encontre de la loi même si cela est justifié relève de l'utopie... J'écris pourtant au maire d'Allaire, une longue lettre lui expliquant mon projet, ses retombées économiques pour la commune; il me rappelle au téléphone, me disant en substance qu'il ne peut rien pour influencer les décisions d'urbanisme...

Et puis il y a des coups de frein de l'ordre du ressenti: d'une part s'imaginer vivre là-bas, c'est-à-dire s'installer, déraciner la famille, faire son trou alors qu'ici à Versailles la vie n'a rien à voir avec celle qu'on vivait avant de déménager. La maison de Porchefontaine est à nous, les filles se sont fait de nouvelles copines, ma femme et moi avons des amis fidèles autour de nous, sans compter la famille...

D'autre part, le jeu en vaut-il la chandelle ? Nous avons été cinq jours en juillet dans un camping 4 étoiles, donc avec des aménagements fonctionnels et jolis, fruits de réflexions poussées et de travaux conséquents.  Toutes les nuits nous avons été réveillés par des gens qui se fichaient éperdument du sommeil des autres. À aucun moment le respect des horaires n'était respecté. Tous les matins en me promenant je constatais les dégradations, barrières arrachées, bouteilles d'alcool abandonnées...
Et si moi dans ma propriété, pour laquelle j'aurais investi toutes mes économies, dans laquelle j'aurais emmené toute ma famille, que j'aurais aménagé pendant des mois afin qu'elle soit digne de recevoir des touristes de la même manière que moi j'aimerais être reçu en vacances, si tous ces efforts n'étaient pas récompensés et qu'au contraire des connards saccageaient mes aménagements? Si ils se fichaient des normes ? Et si durant les premières années, avant de pouvoir sélectionner mes hôtes ou qu'une sélection tacite se fasse (tel lieu attire tel public), je devais supporter des insupportables, tout en  motivant mes proches, contraints par mon désir de changement à s'intégrer dans un petit village pas forcément accueillant ? Mes parents ont eu une maison  au fin fond des Côtes d'Armor, et même s'ils connaissaient leurs voisins, même s'ils ont même tissé des liens d'amitié avec certains, ils sont restés "Les Parisiens" dans la tête des habitants...

Voici les grandes vacances, la famille est réunie, au bord de la mer, on en profite, ça fait du bien, mais l'angoisse pointe quant à la rentrée... Je n'ai pas trouvé de propriété idéale, et au-delà de ce fait je me demande si tout ça est une bonne idée...






dimanche 1 mai 2011

Versailles, autre focale

Huit mois maintenant que nous avons emménagé à Versailles. Ce qui devait être provisoire devient temporaire, rien ne dit que je vais trouver une propriété correspondant à mes critères de recherches à une échéance définie. La ZEP de Nanterre commence à s'inscrire dans les souvenirs, et j'ouvre les yeux sur l'environnement avec plaisir et surprise.






Le grand-père est maintenant en maison de retraite, plus à l'aise là-bas qu'il ne l'était chez lui les derniers temps. Du coup le rythme des journées et leur tonalité sont bien différents, on se sent de plus en plus chez nous, on fait des projets d'aménagement des pièces et du jardin. J'ai créé un petit potager au fond de celui-ci, où je me plais à semer, planter, récolter tout un tas de légumes et de fruits pour le plus grand bonheur de la famille. Le plaisir est aussi dans la cuisine, à expérimenter des recettes avec les produits du jardin, purée de betteraves, brocolis fraîchement cueillis, pommes de terre nouvelles agrémentées d'herbes aromatiques... Tout cela crée un cercle vertueux, créer avec ses mains rend heureux, être heureux donne envie de créer davantage. Et il y a de quoi faire dans cette maison ! Une dizaine de pièces sur trois niveaux, encombrées d'objets divers glanés et conservés pendant toute une vie, souvent en double, parfois en triple, dont une grosse moitié constituée de bazar inutile. Les voisins n'ont pas tous appris que nous habitions ici dorénavant, mais "la maison avec le trottoir rempli toutes les semaines lors du passage des encombrants" est connue ...

L'endroit est calme, si ce n'est le passage régulier de trains sur les voies ferrées à quelques dizaines de mètres. La première fois que j'étais venu ici j'avais trouvé ça épouvantable, et puis avec l'habitude on s'y fait. Il reste des murs mal isolés contre le bruit, et c'est souvent au moment même où les acteurs d'un film à la télé révèlent à voix basse le nom du coupable qu'un train passe ;-) mais il sera possible de réduire les décibels avec tous les nouveaux matériaux proposés, d'autant plus que les nouvelles normes de l'habitat incitent les constructeurs à améliorer leurs systèmes d'isolation.


Le quartier de Porchefontaine a la chance de jouxter la forêt. En dix minutes on est dans le sous-bois, et bien que l'autoroute ne soit jamais loin, bien que les villes cernent cet espace, la forêt de Versailles/Meudon possède aussi bien des grands chemins larges et bien entretenus que des fourrés et des recoins sauvages. On passe à côté d'Huttopia, camping axé préservation de l'environnement, on longe des étangs, des sources, des mares... Subitement on se trouve sur un chemin où des pavés se sentent encore sous les pieds, témoins d'aménagements anciens, où dans des lieux comme l'ancienne Sablière avec son histoire tragique. Un matin je me suis trouvé face à quatre chevreuils pas effarouchés de me voir...j'aime cet endroit.





Versailles c'est le château, évidemment, mais c'est aussi tout ce qui touche à l'histoire et qui se trouve en pleine ville. La salle du Jeu de Paume, le domaine de Madame Élisabeth, surprenant, le marché carré avec ses petites ruelles atypiques. Quand on se promène dans le quartier des antiquaires, ou dans le passage de l'ancienne prison, on n'est plus à 15 kilomètres de Paris, mais dans une ville pleine de charme où on oublie l'heure en découvrant tout un tas de boutiques atypiques, de librairies minuscules, on flâne en écoutant le bruit des talons sur les pavés, entouré par la douce odeur de la brûlerie de café...

Versailles bouge aussi. Des projets intéressants sont lancés, comme cette réhabilitation de l'ancien hôpital Richaud en logements économes et en lieux culturels, ou comme l'idée de "La Cour des Senteurs"...

Pouvoir disposer de la nature et du calme comme des services et des commerces spécialisés, c'est une chance. Forcément l'ensemble attire et donne envie d'y retourner...