mercredi 30 novembre 2011

Novembre en attendant...

Je me sens comme un gamin de 17 ans et demi qui sait qu'il a un beau pécule sur son livret, mais qui doit attendre quelques mois avant d'y toucher... J'ai acheté un chouette appartement dans un chouette quartier de Versailles, mais ça ne sert à rien de se précipiter, la vente n'est pas faite officiellement. J'ai quasiment tout en tête et sur papier, prêt à être développé concrètement, je planche même sur un autre gîte urbain accessible aux personnes handicapées, mais il me faut attendre... Pas facile ! la question de l'argent est présente aussi, il faut bien réfléchir à quand demander l'IDV, à quand créer mon entreprise, à quand commencer l'activité. Tel que les choses se profilent, je pense "ouvrir" à la fin du printemps 2012.


 Alors en attendant, retour à la case "École". Lundi, petite section de maternelle, mardi CE1 dans une école pourrie, jeudi en moyenne section, vendredi en double niveau CE1/CM2, et on recommence la semaine suivante...
J'essaie au maximum de mes capacités d'y aller l'esprit libre, n'accordant aucune importance à ce que je vois. Et pourtant...


Que d'équipes qui font la tête et se plaignent toute la journée !
Que de classes laissées à l'abandon, sans matériel, sans affichages, sans règles !
J'ai d'agréables surprises aussi, tel cet enfant de 4 ans ne supportant pas que sa maîtresse ne soit pas là, et qui pourtant finit la journée main dans la main avec moi... Ou cet autre m'appelant "papa", ou ces grands de CM2 démesurément joyeux parce que je leur annonce que je ne leur donne pas de devoirs (je suis dans leur classe une journée, autant que tout le monde la passe le mieux possible !)

D'autres expériences sont plus pesantes. Des équipes dans la critique constante, des écoles où il n'y a aucun endroit pour manger pour les adultes, on se retrouve à manger un repas dégueulasse en barquettes plastiques dans une classe sur une table sous laquelle nos genoux n'ont pas de place. Ailleurs il n'y a pas de pause ce midi, réunionnite aiguë. Dans un autre endroit, des enfants de 4 ans doivent colorier une photocopie d'un dessin représentant l'automne afin d'illustrer le mois de novembre qui commence; un arbre sans feuille est dessiné en traits gras, sans aucun espace pour mettre de la couleur... L'Atsem présente leur demande de repasser sur les traits bien noirs et bien épais avec leurs feutres, en leur criant dessus:" EST-CE QUE LE VIOLET C'EST UNE COULEUR DE L'AUTOMNE ? TU TE FICHES DE MOI?"  4 ans le môme... horrible.



Et puis je rencontre aussi des gens incroyables. Telle cette maîtresse, double niveau CP/CM2, plus que sympa, plus que drôle, présente à l'école de 7h30 à 18h30, 36h hebdomadaires payées 26, passionnée par ce qu'elle fait, mais de plus en plus démoralisée par le traitement et la pression qu'elle subit...

Je m'ennuie. J'attends chaque matin avec un mélange d'angoisse, de lassitude mais de nécessité l'appel de la secrétaire de l'inspection de l'éducation nationale, "Nous vous prions de bien vouloir vous rendre à l'école X afin d'effectuer le remplacement de Mme Y".
Je m'ennuie. Payé à surveiller des pitchounes en train de dormir, payé à rabrouer des grands qui ne voient pas l'intérêt de souligner les groupes nominaux en bleu et les groupes facultatifs en vert, payé à m'ennuyer deux heures le midi... D'aucuns pourraient me dire quelle chance j'ai d'avoir un salaire, je sais, j'en suis conscient, de plus en plus en ce moment, mais vraiment j'aspire à autre chose...

4 commentaires:

manu a dit…

Où l'on se surprend à considérer que decour mater avait même de la marge par rapport à d'autres écoles !
M'étais douté de l'allusion à Noir desir avant de voir le lien video.

allez courage :-)

Pascal Le Mée a dit…

Decour Mater est un vivier de belles personnes, toutes diférentes, freinées par l'inertie et le conservatisme de l'entourage, toujours partantes pour animer la vie de cette école. Votre accueil, votre sympathie, votre dynamisme, votre volonté du mieux sont admirables. J'y ai de beaux souvenirs grâce à vous. C'est certain que même en ZEP, même en Zone Violence, même avec la directrice que vous avez, vous faites un boulot largement plus honnête et plus réfléchi que dans d'autres écoles situées dans des zones plus faciles. Encore aujourd'hui, j'ai passé 6 heures avec des instits qui se plaignaient de tout, en ignorant cruellement les besoins de petiots de 4 ans. En tant que moi et en tant que papa, ça fait mal...
Soyons ZIL désinvolte, n'ayons l'air de rien...


Yvana a dit…

Le tableau que vous peignez de l'école me fait froid dans le dos, j'ai 25 ans, mon primaire n'est pas si loin que ça, l'école était mon jardin d'eden, mes "maîtresses" étaient dévouées, et mes camarades sympas. Elle est devenue bien triste l'école d' aujourd'ui. A quoi est ce dû? C'est bien dommage!

Pascal Le Mée a dit…

@ Yvana: Il y a encore des écoles fabuleuses, avec de chouettes équipes, mais la formation débile qu'on reçoit, la pression continue, la société qui change plus vite qu'on ne s'y adapte, le sentiment d'abandon, l'absence de reconnaissance, beaucoup de travail inutile... entre autres ... peut-être sont-ce des explications à cette école qui fait souffrir petits et grands ?