mardi 20 septembre 2016

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Le chemin de vie est surprenant... 


Il y a quatre ans, quasiment jour pour jour, je postais une série d'articles sur les Journées du Patrimoine, les lieux à visiter à Versailles, dont un compte-rendu de visite de l'Hôtel des Menus-Plaisirs.


Dans la Cour-Haute, j'avais pris  cette photo, légendée ainsi:

 " Bâtiments dans la cour haute. Un petit air de province..."


Il aura fallu un tweet du Centre de musique baroque de Versailles pour que je me retrouve depuis presque un mois à apprécier ce petit air de province de manière quotidienne !

"Une Nuit à Versailles" est devenu une location standard, et toute l'énergie dépensée à aménager cet appartement aura certainement contribué à battre des records de courte durée entre la publication de l'annonce et la signature du bail de location.

Quant à moi, j'ai été recruté au poste d'assistant de troupe musicale au Centre de musique baroque. En CDD certes, mais c'est un premier pied dans le milieu artistique et culturel de Versailles.

Et quel pied ! Je vois défiler des enfants de 4 ans à 15 ans qui pour le moment répètent fenêtres ouvertes pour le plus grand plaisir de mes oreilles !


mercredi 23 mars 2016

L'heure du bilan


Quelle énergie j'ai pu mettre en 2012 pour transformer ce petit appartement en un nid douillet et moderne ! Il fallait me dépenser (et dépenser toute ma prime de départ) pour prouver qu'après 10 ans d'enseignement et d'épuisement en ZEP j'avais bien fait de démissionner, que d'autres voies pouvaient s'offrir à moi, qu'il était nécessaire pour ma santé et pour le bien-être des miens de partir pour me reconstruire.

Quel trac j'ai pu ressentir alors que j'accueillais mon premier hôte, le 29 janvier 2013, traquant la moindre poussière des heures durant, me demandant sans relâche si je ne m'étais pas aveuglé, considérant le lieu que j'avais créé comme idéal, alors que la sanction réelle allait arriver !
Un premier hôte ravi. Un premier hôte qui reviendra fréquemment, mais souvent très tard, au point que je lui confiai un trousseau de clefs personnel, pour lui faciliter l'arrivée.




Faire le pied de grue sur le trottoir pendant des dizaines de minutes. Vouloir accueillir ses hôtes dans la rue pour un premier contact, et ce malgré la nuit, la pluie, le froid. Souvent ponctuels, vous avez été quelques uns à me faire languir trop longtemps, souvent en m'informant de votre retard, parfois sans aucun moyen de vous joindre...

Certains hôtes me resteront en mémoire pour avoir laissé mon gîte dans un état de saleté inconcevable, pour avoir oublié un string recouvert d'excréments, pour avoir failli mettre le feu, pour laisser les lumières et la porte ouvertes en partant... Avec l'expérience j'étais même arrivé à déceler l'hôte sagouin dès son arrivée, à sa façon d'être, de se présenter...

Heureusement ces sagouins furent rares, et la plupart du temps j'ai rencontré des gens sympas, intéressants, prêts à échanger, des gens avec qui j'ai eu un réel plaisir à discuter, certains mêmes qui sont devenus des amis qui reviennent chaque année et chez lesquels on est invité.
Des gens inquiets que j'ai aimé rassurer, des gens avides de conseils que j'ai pris plaisir à renseigner, des gens curieux avec lesquels j'ai partagé mes petites connaissances historiques et anecdotiques de Versailles...
Des gens rencontrés presque tous passionnants, enrichissants, pour peu qu'on ne parle ni de religion ni de politique: une grande découverte, une grande leçon. Si vous pouvez vous rendre aussi détestables et haineux quand le pseudo-anonymat des réseaux sociaux vous encourage à l'être, vous êtes des êtres sensibles, respectueux, empathiques, dans la vie réelle...

Avec le recul, j'avoue que face à ces familles empêtrées dans des impasses sociales et psychologiques terribles, qui me confiaient leur enfant en souffrance, s'ajoutant à d'autres enfants pour en faire une classe difficile, le prof que j'étais était passé en quelques années d'une motivation inaltérable à un dilettantisme déçu. Tant de travail pour de si maigres résultats, tant d'investissement pour si peu d'encouragements et de reconnaissance. Ou une place qui n'était pas pour moi. L'envie rendue possible d'en faire moins, de faire moyen. Le besoin de ne pas faire, de ne plus y être, avalisé par un médecin lunaire et par un système paresseux.

Passés quelques mois après ma démission, mêlés d'incertitude et de culpabilité, c'est une autre vision de l'existence. Plus calme. Plus dense. Un projet mené à terme par ma seule volonté, sans hiérarchie. Une obligation de résultat, flippante mais ne souffrant aucune paresse excusable par d'autres, puisqu'il n'y a pas d'autres. Le devoir d'être présent quelles que soient les circonstances. La satisfaction d'avoir été présent. La satisfaction et la fierté d'avoir donné tout ce qu'on pouvait. L'assurance et l’assisse qui se soclent avec les répétitions de ces situations.


  • Bon, ok, tu nous parles d'un bilan positif, alors où est le problème ??
J'ai toujours voulu que mon gîte soit une première activité, à compléter par une autre afin d'en dégager un bénéfice suffisant. L'idée d'ouvrir un second gîte s'est rapidement évaporée, ne disposant pas d'apport pour emprunter et aménager.
Un autre travail à temps partiel alors ? Oui, mais avec les horaires imprévisibles que cette activité nécessite, c'est impossible. Il y a des jours que je consacre entièrement au gîte, entre déplacements, achats, ménage, accueil et petit déjeuner, d'autres où je n'ai rien à faire.

Ce temps consacré au gîte, et ce temps inoccupé -d'une certaine manière à cause du gîte-, quelle importance ont-ils dans le bénéfice que j'en tire ?
Difficile de savoir sans calcul: aux mois de mai et juin j'ai plus de 20 réservations, mais en janvier trois fois moins.

Alors j'ai pris le temps d'écrire très précisément dans un tableur les données financières d'Une Nuit à Versailles, avec maintenant un recul sur trois années.



De janvier 2013 à décembre 2015, mon gîte a été occupé en moyenne 14,5 jours par mois.

Voici en détail les charges fixes et variables de l'activité, exprimées en pourcentages du chiffre d'affaires:

Commission Booking.com:17%
Cotisations RSI + Prélèvement forfaitaire libératoire: 14.42%
Charges de copropriété: 5.50%
EDF: 3.89%
Abonnement + commission KE-Booking: 3.27%
Abonnement Free: 2.03%
Taxe de séjour: 1.70%
Taxe foncière: 1.50%
Cotisation foncière des entreprises: 0.96%
Assurance: 0.94%
Abonnement OVH: 0.13%

Achats petits déjeuners: 9.36%
Fournitures sanitaires: 1.76%
Essence: 0.77%
Divers (remplacement linge, matériel usé, cadeaux séjours spéciaux...): 1.82%

TOTAL des charges: 65.04% 

Plus de 65% de charges ... qui donnent un bénéfice mensuel moyen de 654 €



  • Bah c'est pas mal pour une activité qui ne te prend pas beaucoup de temps !
Activité qui ne me permet pas non plus de dégager du temps délimité pour faire autre chose !

Et si je mettais l'appartement en location "standard" ? Quel bénéfice en retirerai-je ? Autrement dit combien me rapporte le temps passé à louer cet appartement en meublé de tourisme ?

Charges fixes d'une mise en location meublée de l'appartement:

Copropriété: 14.70%
Cotisations sociales: 7%
Taxe foncière: 4.01%
Assurance: 2.53%
Divers: 1.19%

TOTAL des charges: 28.22%  qui donnent un bénéfice mensuel de 524 €


Donc, et c'est aussi désespérant que déterminant à tourner la page, l'activité de gérant de gîte urbain, consistant à accueillir au moins une dizaine d'hôtes par mois dans un logement propre aux aménagements de qualité, en mettant à leur disposition un lit fait, du linge de toilette, en les attendant sur le trottoir quelle que soit l'heure, en leur apportant tous les jours un petit déjeuner bio, me rapporte 130 € par mois...



  • ... Oups... C'est pas... terrible....
 C'est même consternant.