lundi 30 janvier 2012

Ça y est, c'est signé !

Les grandes manœuvres vont pouvoir commencer: je sors de chez le notaire, j'ai signé pour l'achat d'un appartement dans le quartier Saint-Louis
Pas de droit de préemption de la part de la Mairie, diagnostics ok, juste des petits emmerdements avec la vendeuse. 

Elle avait en effet prévu quelques travaux d'aménagements dans l'appartement avant la vente.
Dans les jours qui ont suivi la signature du compromis, je l'ai contactée pour lui dire que j'avais des idées précises de travaux, et que sachant qu'elle aussi, c’eut été intéressant qu'on en discute pour ne pas avoir à payer inutilement....
Très bon contact dans un premier temps, "mais bien sûûr ! rencontrons-nous, je vais joindre mon entrepreneur, quel est le vôtre ?" "C'est moi." "..."

S'ensuivent un échanges d'emails sans jamais se rencontrer alors que nous habitons à 1 km l'un de l'autre. Un coup elle est en déplacement, un coup elle est malade, un coup elle me donne rendez-vous à 15h... Puis de nouveau en déplacement, puis malade, pfff... 
Un jour, nouveau message, il y a de ça un mois à peu près, "La cuisinette est livrée ce soir à 17h30, vous vouliez la voir, venez à cet horaire."
Ben non, depuis le début de nos échanges je te dis que je ne peux pas être disponible avant 18h30... Du coup, je lui réponds qu'il est fort dommage qu'on ne se soit pas rencontrés plus tôt, qu'a priori la cuisinette ne me conviendra pas, et que le prix de celle-ci aurait pu être consacré à installer un double vitrage ou à changer le disjoncteur différentiel qui n'est pas aussi sensible que le veut la norme, dixit les diagnostics.
Réponse lapidaire, ce qui est fait est fait, point barre. les "cordialement" et "cher monsieur" ont disparu...

Je tente encore de lui expliquer qu'il est regrettable de maintenir les choses en l'état, et que la cuisinette va certainement se retrouver sur le trottoir, que quitte à dépenser de l'argent il vaudrait mieux le consacrer à des choses importantes.
Le lendemain, coup de fil de l'agent immobilier, la propriétaire lui demande de me dire de cesser de lui écrire... 
Ben va te faire voir, t'es butée, tant pis pour toi.

J''effectue une dernière visite la semaine dernière, son "entrepreneur" est dans l'appartement, en fait un copain bricoleur, en train de monter cette cuisinette (un mois après...) Elle est moche, froide.
"Je la fixe au silicone ?" 
"Non, laissez, je verrai"

Ce soir ma femme et moi l'avons rencontrée. Pas un bonjour, froide comme un congélateur, aimable comme une porte de prison... 

L'important, c'est que c'est signé ! Dès que possible je vais y faire les travaux d'aménagement et de décoration nécessaires pour en faire un lieu d’accueil joli, fonctionnel, pratique.
Au boulot !

En bonus, un reportage sur Versailles bien fichu: le château et ses coulisses, le domaine et les jardins, ainsi que les quartiers à visiter. La question qui préoccupe la mairie et l'office du tourisme est celle de trouver les moyens d'amener les visiteurs du château vers la ville qui recèle des endroits magnifiques. Mon projet est de la partie, amener les gens à découvrir "la banlieue" du château.
La vidéo ne sera pas éternellement en ligne, profitez-en !

mercredi 25 janvier 2012

Lettre à l'Inspecteur d'académie

Voici ci-dessous le courrier que j'ai adressé l'an passé à l'Inspecteur d'académie, accompagnant ma demande d'IDV. À la relecture, je me trouve venimeux. Bof, de toutes façons l'a-t-il lue ? 

Je n'ai aucune confiance en l'institution. Pris individuellement je suis certain que ces gens sont intéressants, prennent position, savent écouter et défendre leurs opinions; mais une fois endossé le costume de représentant de l'état tout ce qui les fait hommes ou femmes s'efface devant le système. En triant mes emails je suis tombé sur un courrier que j'avais adressée à la DRH de l'Éducation nationale, lui demandant pourquoi chaque ministère traitait l'attribution de l'IDV d'une manière aussi différente voire inique. Sa réponse a consisté en un copié-collé de la circulaire... Et encore, est-ce "sa" réponse ? Peu importe après tout, je quitte le mammouth handicapé pour des relations à beaucoup moins de niveau, plus humaines, plus franches. 

J'ai réécrit cette année à l'Inspecteur, sur demande d'une de ses sbires; méfiant au départ quant à cette demande, et ayant posé la question aux syndicats (pas de réponses, ça ne m'étonne pas. Je le les intéresse pas, moi qui veux partir; ils adorent les enseignants qui se plaignent mais qui restent enseignant) et à Aide aux Profs (eux m'ont répondu !) j'ai motivé mon ultime demande d'IDV en écrivant de nouveau un courrier. je le mettrai en ligne prochainement.


 "Monsieur l’Inspecteur d’académie,

Ce courrier accompagne ma demande de chiffrage de l’indemnité de départ volontaire que j’ai remis à mon inspectrice de circonscription. Le décret n° 2008-368 du 17 avril 2008 instituant cette indemnité a fait l’objet d’une circulaire publiée au bulletin officiel n°22 du 28 mai 2009, qui précise les modalités d’obtention de celle-ci.

Contrairement à d’autres ministères qui ont défini un montant précis de l’indemnité en fonction de l’ancienneté de l’agent demandeur à l’année près, cette circulaire définit des fourchettes plus larges du plafond de l’indemnité, octroyées selon trois critères : moins de dix ans d’ancienneté, entre dix et vingt-cinq ans d’ancienneté, plus de vingt-cinq ans d’ancienneté. Cependant, cette même circulaire précise que les services académiques « conservent la faculté, dans le cadre de [leur] pouvoir d'appréciation de la demande d'I.D.V. et dans des cas exceptionnels, de [s’] écarter de ces fourchettes. »

Je souhaiterais bien évidemment recevoir un montant le plus élevé possible, mais mon ancienneté ne sera de dix ans qu’au premier septembre prochain, voire un peu avant car j’ai travaillé comme contractuel avant de devenir professeur des écoles titulaire, travail qui sera pris en compte dans le calcul de mon ancienneté comme le mentionne cette même circulaire.
Étant donné que le formulaire de demande de chiffrage me demandait simplement mon état civil et mon grade, je tiens donc à vous exposer ci-dessous les motifs de ma demande, afin que vous puissiez éventuellement décider de vous écarter de ces fourchettes mentionnées dans la circulaire en toute connaissance de cause.
Après presque dix années passées à exercer mon travail dans des écoles difficiles, un changement de carrière s’impose. Je me suis beaucoup investi dans mon travail, utilisant une part importante de mon temps personnel à bâtir des projets innovants, à chercher à comprendre et à résoudre les difficultés des élèves dont j’ai eu la charge, à expérimenter des fonctionnements différents, à faire vivre l’école, de l’élaboration entière d’un site Internet à l’organisation de séjours pédagogiques, et j’ai longtemps cru que ces efforts porteraient leurs fruits. La déception de constater l’inexistence de reconnaissance, tant des parents, des élèves que de ma hiérarchie ajoutée aux sacrifices effectués dans ma vie privée et à ma santé qui s’est dégradée me poussent à ne plus continuer à me faire du mal en vain. J’ai trop longtemps subi l’angoisse et le stress de ne pas pouvoir mettre en pratique une journée de classe telle que je l’avais conçue, en raison du profil des élèves, des exigences pressantes de leurs parents, de l’inertie injustifiée des équipes pédagogiques et municipales.

À ces raisons s’ajoute celle d’être tributaire d’un système trop rigide. Ma femme, enseignante également, et moi-même croyions pouvoir aller exercer notre métier en province, pour améliorer notre qualité de vie et celle de nos enfants, mais les modalités des mutations conjointes nous ont fait nous rendre compte amèrement que nous ne pourrions jamais quitter le département. Quant à pouvoir se mettre en disponibilité, là aussi des critères restrictifs n’offrent pas la liberté d’aller tenter autre chose, particulièrement dans le type d’activité que je souhaite exercer.

Pour répondre le mieux possibles aux exigences de ce métier, il est préférable d’être célibataire sans enfants. Ces mots ont été prononcés par un IEN. Ce n’est pas ma vision, j’aspire à une autre vie.

J’élabore depuis quelques années un projet de reconversion professionnelle dans l’accueil touristique. Ce projet de création d’entreprise est avancé, mais à deux reprises déjà j’ai dû en reporter la concrétisation ; je ne pouvais pas en effet me décider pour l’acquisition d’une propriété destinée à accueillir des structures d’accueil puisqu’il aurait fallu que je puisse rapidement demander une disponibilité, qui n’est hélas accordée qu’à des périodes déterminées et susceptible d’être refusée.

Le développement de cette activité suppose des investissements de départ importants pour développer une rentabilité acceptable. Il me sera nécessaire de pouvoir disposer d’un revenu suffisant les premiers temps avant que les bénéfices se matérialisent.

Cet apport financier sera fourni par l’indemnité de départ volontaire. C’est pour cela que je sollicite votre bienveillance et votre compréhension afin d’espérer un montant de cette indemnité qui puisse être supérieur à la fourchette attribuée pour les agents ayant moins de dix ans d’ancienneté, à quelques mois de ce palier.

Je me tiens à votre disposition pour tout renseignement ou complément d’informations dont vous pourriez avoir besoin.

Je vous prie de croire, Monsieur l’Inspecteur d’Académie, en mes respectueuses salutations."

lundi 23 janvier 2012

Début d'évasion



UN MATIN COMME TOUS LES AUTRES
UN NOUVEAU PARI
RECHERCHER UN PEU DE MAGIE
DANS CETTE INERTIE MOROSE

CLOPIN-CLOPANT SOUS LA PLUIE
JOUER LE ROLE DE SA VIE
PUIS UN SOIR LE RIDEAU TOMBE
C'EST PAREIL POUR TOUT L'MONDE

RESTER DEBOUT MAIS À QUEL PRIX
SACRIFIER SON INSTINCT ET SES ENVIES
LES PLUS ESSENTIELLES

MAIS TOUT PEUT CHANGER AUJOURD'HUI
ET LE PREMIER JOUR DU RESTE DE TA VIE
PLUS CONFIDENTIEL

POURQUOI VOULOIR TOUJOURS PLUS BEAU
PLUS LOIN PLUS HAUT
ET VOULOIR DECROCHER LA LUNE
QUAND ON A LES ÉTOILES …

mardi 17 janvier 2012

Envol prématuré ?

Finalement je n'aurai pas de CP jusqu'à la fin de l'année. Une semaine et demie seulement, le temps qu'une maîtresse se remette d'une opération. Et tant mieux, cette classe n'est guère attachante; de plus les trois classes de CP ont un programme commun, ce sont donc des journées denses, des corrections tout le temps, un planning à suivre sans temps mort, aucun moment pour reprendre des choses avec des élèves qui n'ont pas compris, bref ça m'emmerde profondément. 

Toujours le même ressenti: aucun plaisir, aucun sens. Le ras-le-bol, de nouveau. Marre de ces élèves qui se fichent éperdument de leur matériel, c'est si simple d'aller voler la gomme du voisin quand on a massacré la sienne en la désintégrant en mille miettes répandues sous sa table, marre de ce rythme inhumain, "Tu n'oublies pas qu'on a une réunion ce midi, à 12h15 après le soutien, prévois ton sandwich", marre de ces locaux délabrés où l'on pisse au même endroit qu'on y fait sa vaisselle du midi, marre. 

J'ai été convoqué par l'inspecteur hier soir. Motif: évoquer avec moi mes absences injustifiées. Il y a eu des matins en effet où trouver le courage d'aller affronter ce milieu était au-dessus de mes forces. Face à moi un discours carré, évoquant les termes  de "mission", de "contrat", de "devoir vis-à-vis de l'institution"... Parenthèse édifiante à ce sujet, nous les profs n’avons jamais signé de contrat avec l'institution, sommes malléables au gré des réformes, tout comme nous n'avons eu aucune visite d'un médecin du travail quelques soit le nombre d'années d'ancienneté...

Cet inspecteur désirait me voir également au sujet de la demande d'absence d'une journée que j'avais déposée. Notre fille aînée a bien morflé pendant sa première année d'une "longue maladie" comme on dit pudiquement dans les journaux. Depuis sa rémission elle a une visite de suivi chaque année jusqu'à ses 15 ans environ. Chaque année ma femme et moi avons demandé et obtenu une journée (je ne me souviens plus si nous avons été rémunérés à chaque fois mais peu importe) afin de l'accompagner à l'hôpital, être à ses côtés pendant les examens de contrôle, parler avec son médecin référent en espérant que chaque année le mot "rechute" se terre davantage sous d'épaisses couches d'improbable.


Et bien pas cette année. Non seulement il n'accorde la demande qu'à l'un de nous deux, mais en plus pour une demi-journée seulement. Là où une petite dizaine d'inspecteurs/trices, et parfois des garces ! avaient accordé sans discussion cette absence, lui se démarque. L'éducation nationale -sans aucune majuscule- a rendu ce qui lui restait d'humanité pour ne plus être qu'une entreprise engluée à des résultats, des performances, du rendement. Réduire le personnel, geler les salaires, obéir aveuglément aux pressions iniques de plus haut tout en affirmant que tout va mieux dans l'école, il est bien dans son rôle cet inspecteur. 

"Papa tu viens aussi à l'IGR avec maman ?
- Ben non, mon chef a refusé que je t'accompagne.
- Mais c'est pas juste ! Il a pas le droit !"

Ben si. Il fait ce qu'il veut. C'est le chef. Peut-être est-ce une "vengeance" de sa part suite à l’entretien que j'ai eu avec lui pour déposer ma demande d'IDV ? Si c'est le cas comment ne pas se sentir honteux face à sa femme qui souhaitait qu'on y aille tous les deux parce qu'on se complète, qu'on se comprend, qu'on navigue mieux à deux que tout(e) seul(e) ?
Comment fait-il cet inspecteur pour être fier de lui ? Comment accepte-t-il de jouer à l'Alain Juppé de 1995 ? Quelle vie privée lui reste-t-il ? Et puis merde, chacun sa vie, chacun ses ambitions, chacun son orgueil, chacun sa dignité, je m'en vais.

Facile à dire. 

Je suis proche d'une nouvelle vie, mais elle m'apparaît tellement éloignée encore.
Plus je subis l'école, plus je me renfrogne, plus je doute de moi.
Plus je doute, plus je suis sensible aux propos entendus, c'est la crise, au moins tu as la sécurité de l'emploi...
Travail = souffrance, c'est la vie ? Quelle horreur !
Un peu de cran, de confiance en ce que je veux, en ce que je crois, oser refuser d’entretenir ce système ?
Perdre encore un peu de plus de santé et d'âme jusqu'en juin ?
Tirer un trait sans remords, quitte à avoir moins de sous mais plus de vie ?
Cinq mois et demi à tenir, ce n'est rien mais c'est tellement...

Cerebration in progress...

Merci pour vos commentaires, je crois que je vais attendre les suivants avec fébrilité pour m'aider à prendre une décision...







jeudi 5 janvier 2012

IDV, le retour

Tout d'abord je souhaite à celles et ceux qui passent par ici une belle année 2012, l'occasion symbolique de penser sa vie autrement, de se questionner sur son bonheur, de vivre ses rêves et non de rêver sa vie...


Aujourd'hui j'ai eu rendez-vous avec l'inspecteur de ma circonscription afin de lui remettre le formulaire de demande d'IDV (Indemnité de Départ Volontaire). Je comptais le faire en septembre dernier, mais à l'Inspection Académique on m'a rappelé que cette indemnité était calculée sur l'année civile précédant la demande.

Morceaux choisis:

" Vous avez certainement pris connaissance de mon dossier ?

- (Silence gêné) Euh, oui...

- Donc vous devez savoir que j'ai déjà posé une demande de chiffrage d'IDV l'an passé.

- Oui, j'ai vu cela. Qu'est-ce précisément cette IDV ?

- Et bien, suite à circulaire de 2009 les fonctionnaires ont le droit de percevoir une indemnité en cas de démission. J'ai demandé cette IDV l'an passé, mais je n'avais que 10 ans d'ancienneté et mon projet n'était pas assez abouti, j'ai donc eu un chiffrage mais je n'ai pas démissionné.

- Bien. Vous avez le dossier avec vous ?

- ( Lui tendant l'imprimé) Voici.

- C'est tout ?

- Et oui. Aussi incroyable que cela puisse paraître, c'est tout. Les textes m'obligent à passer par la voie hiérarchique pour faire cette demande, vous n'avez qu'à émettre un avis favorable ou défavorable, mais sur ce point je n'ai pas bien compris la visée de cet avis: devez-vous être favorable à un départ d'un de vos agents ? 

-(Silence) Et quand voudriez-vous partir ?

- Le plus tôt possible.

- Hmm... Vous savez que nous avons des gros problèmes d'effectifs

- Oui je sais, l'école va mal

- (Silence) Donc je veux bien mettre un avis favorable à votre demande, mais c'est donnant-donnant (sic) il faut que vous vous engagiez à effectuer les remplacements jusqu'à la fin de l'année, et j'ai vu dans votre dossier que vous avez eu un certain nombre d'absences depuis le début de l'année.

- Je reconnais, mais vous savez c'est une souffrance au quotidien que d'aller travailler dans une école. Je n'éprouve aucun plaisir, mon travail n'a aucun sens. 

- L'école a des besoins qui lui sont dictés par la société vous savez. (re-sic). Nous avons pour mission de répondre a ces besoins.

- Quand je suis en remplacement j'effectue mon travail consciencieusement. Je l'ai fait consciencieusement aussi lorsque j'étais à Nanterre, mais vous savez, se lancer dans des projets d'envergure et n'avoir aucun retour de la hiérarchie, des familles ou des enfants, c'est désespérant.

- (Silence) La reconnaissance des élèves réside dans l'accomplissement de sa mission d'enseignant.

- Mais quand vous montez des projets importants, que vous trouvez 12000€ pour emmener vos élèves en classe transplantée auto-gérée, et que personne ne vous encourage ou ne vous remercie, quand seule la commune vous octroie un complément de salaire, quand ces élèves reviennent voler dans votre classe quelques années plus tard, vous éprouvez un découragement et de la colère. On passe du temps à ouvrir les yeux, les sens des enfants, mais nos efforts sont réduits à néant car une fois hors de l'école, ce sont les règles et les habitudes du milieu qui priment.

- Il ne faut pas agir contre le milieu mais avec le milieu ( à ce moment-là, c'est dommage je manquais de récompenses pour "langue de bois" mais l'envie y était...)

- Seulement quand le milieu de vie prime sur celui de l'école, c'est un combat vain. je vous le dis comme je l'ai dit à mon inspectrice l'an passé, j'aurais eu de sa part un "bravo", une invitation à recommencer mes projets de sa part, je ne serais peut-être pas là aujourd'hui.

- (Silence, le même que l'an passé face à cette inspectrice)

- En tout cas, voilà, ma décision est prise. Face à l'image d'Épinal que j'avais de ce métier et la réalité actuelle il y a un gouffre. Je me permets de vous le dire, entre un enseignant qui se défonce à 400% et un autre qui en fait le moins possible il n'y aucune différence. Celui qui travaille mal aura une inspection défavorable, qui se traduira par un léger retard dans son avancement par rapport à celui qui a une bonne inspection, mais qui aura son avancement de toute manière. Ce n'est pas très motivant !

- ( Silence appuyé) Bien, je transmets votre demande.

- Merci de m’avoir reçu."

Incroyable. Encore un inspecteur qui a  peut-être des idées, des critiques à émettre face au système, mais qui n'en laisse rien transparaître. On a l'impression qu'être inspecteur, c'est être un bon soldat, sous tension...
Plus que quelques mois avant de quitter ce système gangréné. 

En attendant, ils sont tellement en manque de personnel que les enseignants devant remplacer les congés longs sont tous mobilisés, et que je suis dans les derniers enseignants "congés courts" à être encore affecté à ce genre de remplacement. La secrétaire de l'Inspection m'a informé ce soir qu'à partir de la semaine prochaine je devrai à mon tour effectuer un remplacement long. Sur son bureau traînaient des tableaux des enseignants en congé (et n'en déplaise aux détracteurs de ce métier qui pensent que les enseignants sont un ramassis de feignants, les mots "hospitalisation" et "longue maladie" revenaient souvent dans les motifs d'arrêt...)

Donc en toute logique je m'apprête à prendre un CP à partir de jeudi prochain jusqu'à la fin de l'année.

Refuser cette affectation, c'est profiter de l'absence de préparations, corrections, réunions diverses, mais c'est encore subir l'angoisse chaque matin en attendant le coup de téléphone: quelle école, quel niveau, quelle équipe, quel attitude des élèves face à un remplaçant d'un jour, quel moyen de m'y rendre ?
Et puis ce CP n'est pas loin de chez moi. Qui me dit qu'en refusant ce remplacement long je ne sois pas contraint d’accepter dans quelques semaines un autre remplacement dans une école pourrie, dans une école éloignée ?

Revenant à mon projet, les gens à qui j'en parle me disent que je peux conjuguer un emploi d'enseignant et la tenue de gîtes urbains. Ils ne se rendent pas compte ! Une personne réserve pour un jeudi. La veille, mercredi, je peux me rendre dans mon gîte le nettoyer,  installer une literie propre, vérifier que les produits sanitaires sont en quantité suffisante, apporter et installer le kit petit déjeuner du lendemain, refaire la décoration d'accueil. Mais si une autre personne a réservé mon gîte le vendredi pour 17h, je vais arriver à 17h30 au bas mot avec mes draps propres sur l'épaule, mon plateau petit déj sur l'autre bras, en m'excusant auprès de la personne qui aura attendu 30 minutes en bas de l'immeuble ? Impossible, en tout cas dans l'idée que j'ai de l'accueil.

Rien ne presse, je signe dans quelques jours pour l'achat de mon premier gîte, le deuxième existe déjà, je ferai les travaux petit à petit. Car bizarrement, prendre une classe de CP et l'abandonner en cours d'année me choque. Alors, c'est parti pour les fiches de sons, le fichier de numération et tout le tintouin !