samedi 13 novembre 2010

Deux mois sombres

Dépression - Van Gogh

Ma motivation s'écroule, J'ai un dynamisme comparable à celui d'une limace, un moral en berne, l'alcootest qui vire au vert tous les soirs, je doute, je ne vois pas d'issue. C'est tellement compliqué de pouvoir sortir de ce métier d'instit avec le projet que j'ai, et là le but n'existe plus.

Nous sommes dans une grande maison, certes, nous avons mis de l'argent de côté, re-certes, mais nous ne sommes pas chez nous. Ce qui devait être temporaire ne l'est plus vraiment. Toutes nos affaires sont en cartons entassés au sous-sol, seul le nécessaire est installé. La cohabitation avec le grand-père est difficile, horaires différents, habitudes différentes, mode de vie différent... Tous les soirs à heure fixe un repas adapté doit lui être servi, le petit déjeuner du lendemain préparé, les médicaments aussi, plus la vie quotidienne, l'hygiène, les soins que lui prodigue ma femme. Sans compter les allées et venues de la famille et des amis du grand-père qui ont la clé et entrent sans prévenir, normal, compréhensible, mais gênant...L'infirmière, le pédicure, l'aide à domicile qui vient tous les jours de la semaine, une vieille fille bavarde et curieuse, pfff...

À l'école tout dégénère aussi. On presse les filles le matin pour partir à 7h15, puis transports, puis marche pour arriver dans une classe que je n'ai plus envie d'animer. Les enfants sont durs, pas méchants, mais incapables de se poser, sans cesse en mouvement. Chaque année je l'ai constaté davantage, cette incapacité qu'ils ont de se calmer, d'écouter, déclenchant des bagarres ou des disputes qui tournent au mélodrame fréquemment. Je remets en place des outils qui ont fonctionné les années passées, système de points de comportement qui peuvent être perdus et regagnés, confiance en eux, regard juste, humour, prise en compte de chacun d'eux... Mais j'en ai marre, tout cela me demande des efforts parce que l'envie n'est plus là. Ce n'est que rappels à l'ordre toute la journée, surveillance constante, gestion de conflits... Je n'y trouve aucun plaisir.

Quand au sens de ce que je fais... L'année passée je m'étais particulièrement occupé de deux enfants en perdition, j'en avais maintenu une dans ma classe, chose  rare en Grande Section, et à la fin de l'année je m'étais entendu avec les membre du RASED pour que la prise en charge de ces enfants soit poursuivie au CP le plus tôt possible, et que chacun soit dans une classe avec un maître ou une maîtresse expérimentée. Aux promesses de la fin du mois de juin ont succédé les aberrations de septembre: le RASED n'existe plus, victime des suppressions de poste, et un des deux élèves se retrouve dans la classe d'un maître... barré. Le genre à se taper la tête contre son armoire parce qu'il a oublié une pochette chez lui, le genre à être le premier arrivé et le dernier parti, à venir bosser le mercredi, bosser et bosser encore, sur quoi ? Jamais su, mais pas sur la relation qu'il a avec ses élèves c'est certain.

D'anciens élèves viennent dans ma classe me voler des affaires, d'autres ont déjà un comportement de petit caïd avec les intonations de voix ad hoc, les mêmes que tous les autres, plus de respect, plus de politesse, l'adulte est vu comme l'ennemi dont on se fout complètement, ils se mettent à mentir avec un aplomb incroyable, comme s'il était devenu impossible de perdre la face et de s'excuser à dix ans... Ils ont un niveau de merde, mais l'important est d'être une terreur dans sa classe, le must étant de faire pleurer, faire craquer tout nouvel enseignant. Ils sont mal dans leur peau, savent où ils sont, savent que leur avenir est conditionné par leur milieu. Je crois qu'au fond d'eux ils savent ce que nous faisons pour eux, mais comment tolérer sa vie quand plus haut on se fiche d'eux, on les dénigre, on les expulse, on les ignore?

® Danger École
Mais ils sont à l'école. Et l'école française va mal. Alors on dresse des constats, on compare le système avec celui des autres pays, et on lance des actions mûrement réfléchies: on supprime des postes, on rend obligatoire l'apprentissage de la Marseillaise, on évalue tout, et tout le temps, on glorifie le temps passé en se convaincant que c'était l'idéal. Tout le monde est sous pression, on nous demande de rendre des comptes, de ficher, de faire des rapports, on nous oblige à suivre des formations inutiles, à en faire toujours plus sans réfléchir à la pertinence de ce qu'on fait... Rien de ce qu'on fait n'est valorisé, aucune initiative n'est remarquée ni encouragée, il faut juste obéir.
Ma femme se fait inspecter pendant cette période. On lui dit sans ciller que pour être un bon prof maintenant, il est préférable de ne pas avoir d'enfants...

J'ai emmené à deux reprises mes élèves des années précédentes en classe de découvertes. Ce fut difficile à mettre en place, long, des 12 000€ à trouver sans aucune autre aide que la subvention municipale, à l'embauche des animateurs dont l'un me fait faux bond à quelques heures du départ, par texto... Je suis fier de l'avoir fait, j'ai passé à chaque fois une semaine magnifique, les enfants en ont bénéficié d'une façon incroyable, pleurant même la veille du retour car ils ne voulaient pas revenir chez eux... Un coup dans le cœur ça... Mais voilà, une fois le séjour terminé, cette entreprise bénévole et chronophage laisse la hiérarchie indifférente. Juste obéir.
Et quand "j'ose" dire à un parent qu'il faudrait que son môme se calme en classe, je m'entends dire que je me trompe, son gamin est parfait, je n'ai pas de patience et en plus je n'emmène pas cette année les élèves en vacances (sic). Trop, c'est trop.

Plus de plaisir, pas de sens, comment continuer à exercer ce métier inutile et déprimant ? Je me sens comme un bouchon doseur de lessive vide placé dans un tambour de machine à laver, à être pris dans un cycle violent mais qui ne lave rien...

Il va falloir trouver, dans ces mois sombres et humides de début d'hiver, une branche à laquelle m'accrocher, parce que là, je coule, lentement et chaque jour un peu plus.




samedi 9 octobre 2010

On a failli acheter 2/4 - Chics, mais tordus

Fin septembre, rendez-vous est pris pour signer un compromis de vente entre les propriétaires de Vouvant et nous, un agent immobilier bilingue se chargera des traductions.

Nous réservons une chambre d'hôtes à Vouvant pour la date prévue.

Quelques jours après le propriétaire me contacte en m'expliquant devoir reporter notre rendez-vous, sa mère est souffrante et ils partent pour l'Angleterre le lendemain. Dès son retour il me contactera de nouveau. Il termine son message en s'excusant mille fois.

Brave bête, je compatis et souhaite un rapide rétablissement à sa maman. Cet homme, ancien militaire, a  15 ans de plus que moi, chic, classe, tout comme sa femme (exceptée la carrière ;-)

J'annule la réservation et patiente difficilement. À l'école les journées sont dures, sans aucun attrait, les élèves sont sans limites, leurs parents les excusant systématiquement... J'ai hâte de signer pour pouvoir me mettre en tête de façon immuable que je n'en ai plus que pour quelques semaines...

Les jours passent, une semaine, deux semaines...
Et puis une nuit, un pressentiment. Une intuition désagréable.
Je ne crois pas une seconde aux "messages" que je peux m'envoyer, aux malaises qui ont un sens autre qu'une raison physique, et pourtant j'écris un message à l'agent immobilier, dans lequel je lui demande s'il sait par hasard si les propriétaires sont revenus d'Angleterre.

Sa réponse, je m'en souviendrai longtemps: "Aïe, ils ne vous ont pas informé ? Ils ont signé avec d'autres acheteurs, des Anglais, qui les ont payé cash en Livre Sterling."

Je n'y crois pas. Je l'appelle sans attendre, il me confirme ce qu'il vient d'écrire, et là mon monde s'écroule. Cette propriété, ce rêve s'arrête là, sans aucun recours, l'histoire a avancé plus vite que dans ma tête, c'est fini, bouclé, irrémédiable.
 Putain, c'est pas vrai !!
J'étais sur le départ, le stylo en main, j'attendais que Paul ait pris soin de sa maman, on avait un rendez-vous exclusif pour signer, simplement différé pour des raisons ô combien compréhensibles.
Tout ça était bidon, pas de mère malade, pas de voyage en Angleterre, simplement une couardise et une hypocrisie sans pareille, aucun contact, aucune information... Si au moins il m'avait dit que d'autres acheteurs étaient sur le coup, j'aurais pu tenter quelque chose, mais même pas.  C'est fini fini, sans que je m'en sois aperçu.

Je lui ai écrit, je l'ai incendié, j'ai joué sur la corde sensible... en vain, évidemment. Il m'a répondu avec sa politesse toute british, mais il s'en foutait: il avait vendu.


mercredi 15 septembre 2010

Quelle activité, quel statut ?

En attendant de concrétiser mon départ à Vouvant, j'affine mon projet. Posséder et louer un gîte en complément d'une activité principale n'est pas compliqué à mettre en œuvre. Les bénéfices sont déclarés aux impôts, s'ajoutent au salaire pour le calcul de l'impôt, point barre.
Moi je veux en vivre, de cette activité de locations touristiques, donc en tirer un revenu, et assurer mes arrières. Je serai travailleur non-salarié, auto-entrepreneur.
Ce statut récent ne nécessite que peu de formalités administratives et une gestion simplifiée que je pourrai faire moi-même. En choisissant le prélèvement forfaitaire libératoire, je devrai reverser 13,1% de mon Chiffre d'Affaires pour payer l'impôt et les cotisations sociales.
Puis viendront les charges fixes: taxe foncière, Contribution Économique Territoriale qui se substituera en quelque sorte à la taxe d'habitation, redevance TV - à ce sujet j'apprends qu'on doit payer autant de redevances qu'il y a de postes de télévision dans le cadre de locations, un abattement de 30% étant opéré à partir du troisième poste. Les abonnements aux fournisseurs d'énergie, fournisseur d'accès à Internet, assurances...
Puis les charges variables, qui varient en fonction de l'occupation du gîte. Quatre semaines de location en juillet = beaucoup plus d'eau consommée qu'un mois de janvier vide. Eau, électricité, frais de blanchissage, petits déjeuners...
Enfin les annuités, l'argent que je dois à la banque pour rembourser le prêt que j'ai contracté.

Je me replonge dans Excel, essaie de faire un budget prévisionnel le plus précis possible en cherchant le taux d'occupation des gîtes en Vendée, en demandant des simulations d'eau, d'électricité en ligne, en appelant ma compagnie d'assurance, en passant des heures dans des forums spécialisés.

J'ajuste au mieux mes prévisions, en jouant sur le prix de la location, le taux d'occupation, les charges... Pas évident. Sauf à avoir au moins trois structures d'accueil différentes, ce n'est pas rentable.
Et puis, il est facile de louer 8  semaines l'été, mais comment attirer la clientèle le reste de l'année ? Comment la fidéliser ? En jouant sur l'originalité et le confort.
Les idées viennent:
¨Piscine naturelle
Piscine naturelle


Roulotte
Roulotte

Carré d'étoiles
Carré d'étoiles
- Une piscine naturelle
- Des roulottes
- Des carrés d'étoiles
- Des chalets
- Un prix un peu plus élevé qu'ailleurs, mais sans supplément au cours du séjour: fournitures de draps gratuite, prêt de vélo gratuit..
- Se mettre en partenariat avec des entreprises locales afin qu'elles puissent me fournir un panier repas composé de produits de la région proposé en option aux clients le soir de leur arrivée
- Avoir ou construire un lieu qui puisse accueillir des manifestations culturelles ou artistiques, être un lieu d'exposition, un lieu relais avec la mairie et les associations
- Disposer à côté de chaque gîte un petit potager en libre service, où l'on trouverait des salades, des fraises, des herbes aromatiques...

Pas évident. Je sous-gonfle mon fichier excel exprès, mais entre les frais d'acquisition et les charges, c'est serré. Tout n'est qu'une question de bouche-à-oreille, je vais me défoncer les premières années pour pérenniser l'activité.



samedi 11 septembre 2010

Déménagement

Déménagement
Le changement de vie se précise, dans quelques mois nous serons à Vouvant, j’aurai installé sur les deux hectares des Habitations Légères de Loisir, une roulotte, un carré d'étoiles, les démarches avancent.

Reste à trouver en attendant une location pour ma femme, mes enfants et le chat fraîchement arrivé. Pas besoin de trouver un appartement confortable, ce ne sera que temporaire. Mais même temporaire, il nous faut quand même un trois pièces. Et pas trop cher, car pendant quelques mois un seul salaire va permettre de le payer, car moi je serai en disponibilité. Si tout va bien, je reprends le chemin de l'école jusqu'en décembre, puis je pars en Vendée, ma femme fait sa demande de mutation pour rapprochement de conjoint, je monte ma boîte sur place, et tout le monde est réuni début juillet 2011.
Un F3 dans la petite couronne de Paris, c'est au bas mot 800€ par mois. Sans les charges. Sans tout le reste. Ça va être dur, heureusement que ce n'est que pour 10 mois...

Et puis un matin, ma femme me dit: "Et si on allait habiter chez mon grand-père à Versailles ?"

Ce grand-père de 90 ans a une grande maison, un terrain vaste, mais tout y est vieux, délabré. Versailles, ce sont les familles nombreuses en bleu marine, caté et scoutisme. Derrière le jardin, 10 mètres plus loin et 10 mètres plus haut, le RER C passe tout le temps, c'est insupportable pour moi qui suis hypersensible aux bruits.
À l'intérieur de la maison, c'est... vieux, sale, encombré. La grand-mère est morte depuis plus de 10 ans, le grand-père a eu un AVC et ne voit plus ou presque, est dépendant d'une aide extérieure qui vient tous les matins. Habiter là-bas, c'est aussi habiter à 50 mètres des parents de ma femme, et moi qui suis content de ne plus avoir à rendre de comptes depuis longtemps à mes propres parents, comment accepter cette promiscuité?

Ma première réponse est non.
Ma deuxième réponse est oui. Pour peu de temps, pour ne pas payer de loyer et pouvoir mettre à gauche un maximum, c'est ok.

Seulement, Versailles est inhabitable pour l'instant. Alors il va falloir qu'en trois semaines il le devienne. Moi je suis dans une forme extraordinaire, motivé par le départ proche, un peu trop de vin le soir, mais une motivation et une efficacité de dingue. En trois semaines, voilà le chemin accompli:



 Je prends un réel plaisir à bricoler. Je teste des nouveaux matériels, nouveaux matériaux, comme si Versailles était un brouillon pour m'exercer. Le "bricolage" me plaît, quelque chose qu'on projette, qu'on effectue, qui se termine.  Quelque chose de physique, qui fait appel à la réflexion, au système D... Oui, je kiffe.

Comme un "rendu pour donné", ma femme a proposé de s'occuper du grand-père, le soir et les samedis et dimanches toute la journée. Ce qui veut dire faire à manger à heures fixes pour un vieil homme qui n'a plus de dents et qui n'a plus de goût, ne pas faire trop de bruit, le mettre en pyjama, le laver, le raser, l'habiller. Et supporter une aide ménagère le mercredi matin qui en plus d'être bavarde possède 2 neurones. Pour quelques mois, ça devrait aller...

lundi 30 août 2010

On a failli acheter 2/4 - Le pincement de thym

Deuxième propriété en vente à Vouvant, tenue aussi par des Anglais. Très chics, raffinés, d'une politesse un peu too much, très british.
Il y a sur le terrain une maison d'habitation avec une cuisine de rêve, 1 chambre avec SDB au rez-de-chaussée qui pourrait être une chambre d'hôtes accessible aux handicapés physiques moyennant quelques aménagements. Quatre chambres à l'étage.
Un petit gîte accolé, très très classe.
Dans un grand cabanon, sauna et jacuzzi.
Et deux hectares de terrain à aménager entièrement, mais qui laisse des possibilités sans limites.

Taxes foncières peu élevées, Vouvant à côté, pas de bruits...

Nous vendons notre 3 pièces en région parisienne plus cher que le prix demandé pour ce rêve... Tout est clair, tout roule, on arrive.














samedi 28 août 2010

Grandes vacances et grande nouvelle !

Ah les grandes vacances, encore un privilège de profs !
Ben non, nous ne sommes pas payés pendant les deux mois d'été. Nous sommes payés 10 mois étalés sur 12. Qui le sait ça ??

Juillet dans le gîte de Brigitte, à Chateau-Guibert en Vendée.


Brigitte a su faire de son domaine un très chouette endroit, dans lequel elle bichonne une roseraie avec soin et possède quelques animaux de ferme qui font le bonheur des enfants. En outre, son gîte est vaste, 100 m², joliment décoré, et aménagé pour recevoir des personnes en fauteuil roulant. Avec un oeil qui devient expert, je me dis:
- label handicap, pour attirer un public spécifique
- mini-ferme, objet d'un label aussi, les jeunes enfants adorent.
- parc remarquable, source de visites diverses qui peuvent aussi donner envie de louer le gîte.
Des idées à noter précieusement.

Nous explorons la région, le patrimoine naturel, historique, culturel, ludique... La Vendée regorge de choses à faire, toutes les occupations possibles sont regroupées dans un petit carnet très pratique que Brigitte a mis à disposition dans son gîte.
Ce qu'on découvre aussi, c'est que les vieilles bâtisses sont rares, on voit beaucoup de maisons en crépi, moches, impersonnelles, repoussantes.  On ira d'ailleurs visiter une propriété en vente, 2 hectares, pas chère. Ouais, ben petit, moche, 2 hectares de marais en bordure de la départementale...

Brigitte m'offre "50 ans une autre idée des vacances", livre souvenir des Gîtes de France dont elle fait désormais partie pour conseiller les propriétaires.


Cette image me touche: les débuts des gîtes, la rencontre de deux mondes éloignés, la promesse d'échanges, l'amitié à venir entre les deux enfants, vacances dépaysantes sur un autre rythme. Tout ça me parle.


Puis en Août, départ pour Castellane avec une étape en Ardèche, au Pass'Eyrieux.



Murielle gère cette belle maison au bord de l'Eyrieux, qui peut accueillir des gens de passage dans ses trois chambres. Confort, décoration, vieilles pierres, c'est parfait ! Je découvre les chambres d'hôtes et surtout les parties communes, entrée, salon, cuisine, terrasse, qui sont accessibles à tous, propriétaires comme locataires. Les affaires personnelles de Murielle sont partout. Je me demande comment Murielle peut accepter de partager son chez-soi avec tant d'inconnus...
Mais Murielle est tellement humaine, tellement à l'écoute, tellement rayonnante qu'on a qu'une envie: lui faire plaisir. En discutant avec elle, elle me dira que les débuts n'étaient pas évidents mais que par la suite elle s'est donnée le droit d'accepter ou de refuser des hôtes, certains même étant partis à peine entrés. Ça c'est une chose dont je suis conscient depuis longtemps: l'endroit fait le comportement.
Pour revenir à l'école, mettez des élèves dans une classe sale, aux murs fissurés, avec du matériel incomplet, laid, donnez-leur un instit injuste, partial, méchant, désintéressé, ces élèves vont massacrer la classe et le prof.
Dans un endroit calme, joli, pratique, aménagé selon des valeurs de respect, d'échange, au bout de quelques années les gens qui y reviennent sont des personnes qui se reconnaissent dans tout cela. Et tant mieux ! Eux au camping, eux à l'hôtel, eux en gîte, eux dans des cabanes perchées, tout le monde y trouve son compte.


Un soir, alors que nous profitions du repas proposé par Murielle, j'ai parlé de mon souhait de quitter l'éducation nationale. De l'autre côté de la table, un lourdaud a sorti son refrain sur les profs, feignants, privilégiés, qui en plus veulent faire autre chose... Préparons-nous, il y en aura des "clients" comme celui-là, et avant d'avoir les moyens de lui dire de s'en aller de chez moi, faudra faire avec...



Castellane. Deux gîtes à quelques dizaines de mètres de la secte du Mandarom !

Mandarom

Mandarom

Arrivés sous une pluie torrentielle, le toit fuit, le canapé-lit où on devait dormir est trempé, on nous donne un vieux matelas de secours, on a froid, on est mouillés... Penser l'accueil...

Nous passons une semaine formidable, le coin est superbe. Debout tous les matins tôt, je vais courir ou randonner dans les sentiers escarpés, la vue, l'air, le Verdon, je me remplis de tout ça avec délectation.

Gorges du Verdon


Vers la fin du séjour, je reçois un email du propriétaire d'une maison avec gîte à vendre, celui qu'on avait visité quand on cherchait notre chemin vers Baguenard. Il m'informe qu'il baisse son prix de 20 000€.
Je repense à notre visite de ce lieu, les 2 hectares de terrain, le gîte luxueux, la maison énorme, le sauna, le jacuzzi, Vouvant.... Et l'excitation repart.

mercredi 9 juin 2010

Disponibilité de droit

Tandis que mes recherches immobilières se poursuivent, un peu dans le vague, et que nous commençons doucement à faire quelques cartons, j'angoisse de ne pas savoir comment me sortir de ma situation vis-à-vis de l'éducation nationale. J'alterne entre la colère face à cette administration hermétique et un sentiment de lassitude et de doute. T'as voulu essayer de quitter l'école, hein, ben pas de bol, on a bien bossé dans nos bureaux pour que ça soit quasi impossible.

Tellement d'incertitudes, d'hypothèses, de plans sur la comète, de conséquences conditionnées... Au moins il me faudrait un fait tangible.
Je fouille les forums, le BO, pour enfin trouver une solution: la mise en disponibilité de droit. Moyennant une entourloupe, voilà une possibilité beaucoup plus sûre.

Contrairement à la disponibilité demandée pour monter une entreprise, dont le dossier doit être rendu à une période précise de l'année et qui peut être refusée par l'inspecteur, une disponibilité de droit se demande quand on en a le besoin, et est accordée d'office.

On peut demander ce type de disponibilité pour rejoindre son conjoint, s'occuper d'un membre malade de sa famille, ou (entres autres) pour élever son enfant de moins de 8 ans.

Voilàààà. S'il faut passer par de la magouille, magouillons ! Après tout, la sinuosité extrême des mesures prises pour gérer la mobilité des profs a pour conséquence mensonges, tricheries, fausses déclarations etc. Je pense qu'ils savent tout ça dans leurs bureaux, mais le temps que ça bouge...

Ma deuxième fille a 4 ans dans 2 mois, ça me laisse 4 années pour mener à bien mon projet.
Je demanderai donc à être mis en disponibilité dès la rentrée scolaire.

D'ici là, on oublie un peu tout ça, de toutes manières les grandes vacances ne sont pas la période propice à la vente de gîtes, c'est à ce moment qu'ils sont loués, on verra à la rentrée.


Départ en Juillet pour la Vendée, dans ce gîte (celui qui m'a charmé dès le début de ma reconversion),












puis les Gorges du Verdon en Août, en faisant une halte chez Murielle, qui tient des chambres d'hôtes en Ardèche, et dont la personnalité et la façon de voir la vie va beaucoup m'influencer...

dimanche 18 avril 2010

Partir - Se mettre en disponibilité



Être mutés ailleurs ensemble, impossible.
Bricoler une magouille pour se faire passer pour malade, pas imaginable.
Restait une solution, le rapprochement de conjoint.
Et pour moi, la mise en disponibilité. Rassurante pour moi et pour les banquiers: si j'échoue dans mon entreprise, je retrouve un poste d'enseignant assuré.
La simplicité même: demander à être mis en disponibilité pour création d'entreprise en début d'année, se domicilier dans le lieu enchanteur que j'allais trouver, ma femme fait sa demande de mutation pour rapprochement de conjoint, hop +150 points, mutation acceptée, en juillet nous sommes de nouveau ensemble, ailleurs.

Mais ce n'était pas encore assez complexe pour l'administration, car pour demander une mise en disponibilité, non seulement il y a un moment précis dans l'année pour le faire, mais en plus ce type de disponibilité peut être refusée...

Voici donc la procédure:
- En janvier je dépose une demande de mise en disponibilité, éventuellement accordée pour le mois de septembre suivant.
- Malgré la situation des Hauts-de-Seine, département déficitaire en profs, l'inspecteur est bien luné quand il prend en main mon dossier, et accepte de me placer en disponibilité à partir du 1er septembre
- Ma femme dépose une demande de mutation pour rapprochement de conjoint vers le mois de novembre
- Elle doit fournir un justificatif de notre séparation physique, autrement dit entre septembre et mars je dois avoir trouvé LE lieu, l'avoir acheté, avoir obtenu un prêt et pour l'achat et pour l'aménagement de gîtes, tout ça sans salaire puisque placé en disponibilité. D'ailleurs, toutes les aides favorisant la création d'entreprise ne me sont pas offertes puisque fonctionnaire...
- Je trouve, achète, aménage cette propriété (c'est le fameux sketch de Bigard, la chauve-souris...) et ai une belle boîte à lettres à mon nom.
- Pendant ce temps-là, avec un seul salaire, ma femme gère tout, le quotidien, les filles, les factures, tout va bien, avec ses 1600 € de salaire c'est sans aucun souci...
- Chauve-souris toujours, son barème et les points de rapprochement de conjoint font que sa demande de mutation est acceptée.
- Il ne reste plus qu'à demander une école dans le nouveau département. Bon, tous ses points sont rayés de son dossier, elle va devoir certainement galérer 2 ans, 3 maximum en étant nommée sur plusieurs postes dans le département, mais c'est comme ça, au moins on a réussi !



Mais si on arrête d'être optimiste béat, si on tente l'hypothèse pessimiste et possible...
Et bien encore une fois on reste en prison dorée...

Premier coup de mou, premières leçons

Ce qui paraissait facile et rapide nous échappe donc. Notre appartement est en vente, mes idées sont déjà en Province, le monde de l'école est déjà loin et tout est remis en question.
De toutes façons, l'idée demeure et ce n'est que partie remise, l'appartement reste en vente, on peut en tirer un bon prix, du coup disposer d'un capital important, et on se trouvera une location en attendant de trouver la bonne affaire en Vendée.
Et puis, passée la déception, je me mets à réfléchir à l'emballement dont j'ai fait preuve, en me masquant les éléments négatifs liés à Baguenard. Je mûris mon projet, et je cherche à pérenniser cette future activité afin qu'elle me permette d'en dégager un bénéfice suffisant pour vivre. En bouquinant, deux faits apparaissent:
1. Ce n'est pas compliqué de louer 8 semaines en été; ça l'est beaucoup plus d'attirer des gens le reste de l'année.
2. Ce n'est pas compliqué de louer une première fois; ça l'est davantage de donner envie aux gens de revenir.

Et à Baguenard, les touristes ne seraient peut-être pas revenus. Comme il est difficile de se mettre dans la tête des autres sans faire une enquête minutieuse, je me fie à ce que nous recherchons quand nous partons dans un gîte:
- Du silence
- Un lieu joli
- Du confort pratique
- La possibilité de se mettre en slip sans être sous le regard d'autres personnes...
Donc, pas de bruits aériens, donc pas de mitoyenneté ni de trop grande proximité, donc un aspect extérieur qui ne soit pas un vulgaire crépi. Tout l'opposé de Baguenard. Le seul aspect positif finalement, à part le prix, jamais revu pour un tel complexe ! c'est un grand gîte sur les trois, capable d'accueillir des groupes, une petite dizaine de personnes.
C'est intéressant la location à des groupes. Il y a peu de structures qui soient prévues pour dix personnes ou plus. On peut y venir à deux familles, trois familles, qui divisent du coup le prix de la location. On peut toucher des groupes réunis par intérêt, une association, des amateurs de musique, peinture, yoga... Ça c'est un critère à retenir.
D'ici là, les grandes vacances approchent, et l'appartement est vendu. Passage chez le notaire en septembre, déménagement dans la foulée, location temporaire dans un grand F2 ou petit F3, le gros de nos affaires, on le stockera en attendant chez la famille.

samedi 17 avril 2010

Partir - Instit dans un autre département

Bien avant l'envie de changer de voie, nous avions eu envie de changer de département d'exercice, marre du bitume, marre des transports, marre du gris et du froid. Facile, on va faire une demande de mutation.

Une fois son concours obtenu, on est affecté dans le département dans lequel on a passé ce concours, en l'occurrence pour nous les Hauts-de-Seine. On peut chaque année demander à être nommé dans une autre commune du 92, si toutefois on a un nombre de points suffisant. Plus les communes sont calmes plus il faut de points pour espérer y être nommé. Un débutant a plus de chances d'être nommé sur un poste à Gennevilliers qu'à Marnes-la-Coquette.
Souvent les premières années, et même plus longtemps on n'a même pas assez de points pour avoir un poste définitif; on a alors un poste provisoire: dans le meilleur des cas fin juin, sinon début septembre on est nommé pour une année dans une école, ou dans plusieurs écoles à la fois, des mater les lundi-mardi, un CE2 le jeudi et un CP le vendredi par exemple...

Pour changer de département, on parle de mutation. Là aussi, un système de points permet de voir sa demande aboutir ou non.
Naïfs et faisant complètement confiance à notre cher ministère, nous nous renseignons sur la possibilité de pouvoir aller travailler dans une prairie plus verte. On dépose une demande de mutation conjointe, et grâce à des outils de calcul de points en ligne, sur le site des syndicats, on calcule notre barème:
À l'époque, 5 ans d'ancienneté, rapprochement de conjoint, pas concernés, enfants à charge, oui, mais ça ne compte que pour un rapprochement de conjoint, ... calculer... 30 points. Ok.
Tiens, sur ce même site, les statistiques des mutations des années passées, jetons un oeil, on va voir où on peut aller avec 30 points:


 Gasp... Avec 30 points, on peut aller dans le Haut-Rhin, le Val-de-Marne ou le Val d'Oise...

Très naïfs et aveuglément confiants dans cette grande maison qu'est l'école, on se dit qu'on est encore débutants, il va falloir attendre quelques années, c'est normal.
Retour sur le site, on va faire une simulation de points, disons avec 15 ans d'ancienneté, donc dans 10 ans:
Calculer...
83 points........
Là on ouvre les yeux, on devient méfiant, défiant, on se dit qu'on est dans une prison dorée, et que seules deux solutions s'offrent à nous si on veut aller exercer ailleurs:
1. Tomber malade, ou se faire passer pour malade, 500 points
2. Se séparer, l'un de nous deux se débrouille pour aller dans un autre département, du coup demande de rapprochement de conjoint, 150 points.

Conclusion, même en se séparant physiquement, même en s'arrangeant je ne sais pas comment pour que l'un de nous deux parte en Province (ce qui laisse une chance quasi nulle en restant dans ce métier), même en bricolant ainsi rien ne nous garantit d'être de nouveau ensemble l'année suivante.

Prison dorée... Ah les vacances, la sécurité de l'emploi, quelle chance on a !

mardi 13 avril 2010

On a failli acheter - 1/4

On se met à chercher des terrains en Vendée, maison d'habitation + dépendances à mettre en location. Pas évident. 400 000 € au bas mot, rien d'époustouflant...
Quand un jour on trouve.
Vouvant, seul plus beau village de France de Vendée, 1 maison d'habitation avec 4 chambres, 3 gîtes, une piscine, 6000 m² de terrain... pour 260000 euros ! Vache ! Les vendeurs sont anglais, et veulent repartir en Angleterre pour s'occuper d'une aïeule.

Je me rencarde un peu, vois le terrain de haut, Google maps et cadastre, demande des précisions quant aux charges, commence à faire un ersatz de budget prévisionnel, ça colle !
On connaissait déjà Vouvant pour y être passé, sa forêt, ses vestiges, sa légende de la la fée Mélusine, village de peintres... Impeccable !


Dans la foulée, j'apprends l'existence d'un autre gîte à vendre, ou plutôt deux gîtes créés il y a peu par un couple dont la femme vient de tomber malade, ils arrêtent leurs projets...
Ce gîte sera notre point de chute avec l'idée de peut-être l'acheter, et nous irons visiter le grand domaine avec ses 3 gîtes.
Les enfants confiés, on part en Vendée. Les deux gîtes en vente vont se révéler trop petits, bien rénovés, bien décorés, mais pas de maison d'habitation et un terrain de 2000 m²... trop juste.
Le lendemain de notre arrivée, on visite la propriété du lieu-dit "Baguenard". N'ayant pas bien repéré l'adresse par satellite, on galère à trouver. Au bout d'un chemin on croit être arrivé au paradis: vastes étendues d'herbe, vieilles bâtisses, déco sympa, paysage vallonné...  Mais une fausse route, on nous aiguille vers une propriété avec un gîte, en vente, tenu par des Anglais. En effet on trouve cette propriété, superbe, très luxueuse, mais pas la bonne adresse. On visite quand même, la maison, le gîte, sauna, jacuzzi, 2 Ha de terrain... Pour 299 000 € ! Intéressant, mais on a mieux à visiter !

Enfin on trouve la bonne adresse, de l'autre côté d'un pont construit par Gustave Eiffel, en bordure d'une départementale assez fréquentée. Pas grave, me dis-je, je planterai des espèces végétales réputées pour atténuer le bruit. Le bruit m'a toujours gêné, c'est atavique, mon père était chanteur classique et hyper-sensible aux nuisances sonores, j'ai de bons restes... Ça deviendra d'ailleurs un critère de recherche primordial par la suite.

Des Anglais sympas, une grande maison mal décorée, deux gîtes loués sur les trois, une piscine dont le revêtement et les abords sont à refaire, 1500 m² de terrain sur les 6000 en pente, en friches, inaccessibles...
Les gîtes sont pratiquement mitoyens, est-ce vraiment une disposition qui correspond à l'idée que j'ai des vacances, calme, intimité ? Pas vraiment... Mais le tout est donné ! Notre appartement à Houilles, de 65 m², on peut le vendre au bas mot 200 000 euros ! Alors on fonce...aveuglément.

On fait appel à une entreprise locale, des Anglais aussi, cette région de Vendée est truffée d'Anglais

Devis de 100 000 euros pour modifier, abattre, construire... Ok, on marche.

Dans la foulée on décide de mettre en vente notre appartement à Houilles, je bricole une pancarte accrochée dans la rue, on parle de nos projets aux filles, à nos parents, ça y est le changement de vie est sur les rails !

On est alors en avril 2010, et c'est le début de la crise. Si ça continue, l'euro ne vaudra pas grand chose face aux monnaies extra-européennes, comme la livre sterling. Les propriétaires prennent peur. Eux qui avaient commencé à vendre pour un montant de 400 000 euros, qui ont beaucoup baissé le prix, s'imaginer en obtenir encore moins une fois les euros convertis, c'est trop pour eux. On apprend qu'ils préfèrent vendre à des Anglais, en cash et en livres sterling.

D'un coup le rêve s'écroule. Non, ce n'est pas possible ! Impensable ! On va trouver une solution !!
On contacte l'agent immobilier bilingue, rien à faire; je contacte ma mère, bilingue aussi, en lui disant de jouer sur la corde sensible, et le cas échéant de dire qu'on peut proposer un montant supérieur.... Ma mère veut bien appeler. De longues minutes s'écoulent avant qu'elle nous joigne: Les propriétaires nous trouvent sympa, aimeraient qu'on réalise notre projet, mais  la crise, la crise... Ils sont désolés mais vont vendre à d'autres Anglais, pas à nous.
















mercredi 10 février 2010

Mon premier projet

Quand je réalise avec entrain que louer des gîtes ruraux sur mon terrain en province est THE idée pour enfin tourner la page, on est en février 2010. Je travaille alors en Grande Section dans une école à Nanterre.
Les gîtes, ça ne fait pas longtemps que je les ai découverts. Mais nos premières vacances dans ce gîte m'ont laissé une véritable envie de créer un tel lieu. Ce gîte, son terrain, ses aménagements fondent la trame de ce que je veux faire.
Des vieilles pierres à l'extérieur, le confort à l'intérieur, la vue sur les collines, (indispensable pour moi, qu'est-ce que j'ai pu rêvasser, admirer, me ressourcer avec cette vue), une mini-ferme, des aménagements prévus pour le gîte puisse être accessible aux personnes en fauteuil roulant, un jardin de fleurs superbe, et de l'espace...
J'achète un premier bouquin, Ouvrez un gîte rural . Premières infos sur la rentabilité, le statut juridique et fiscal, les cotisations sociales, les financements... Emballé par le projet, je mets de côté ces aspects qui pour moi sont un dialecte incompréhensible, pour m'attacher à des détails pratiques et à ma portée, dans ma "zone proximale de développement", comme on dit avec simplicité dans le monde de l'école, aménagements pratiques, référencement, création d'un site Internet, mobilier et décoration...
Ma femme est emballée, on fait des plans sur la comète, 3 gîtes, une roulotte, une piscine, une salle de réception avec cuisine, un parc paysager, on rêve, ça fait du bien.

Reste à trouver le lieu

samedi 6 février 2010

Lux

Un jour, l'idée.

Je me souviens de l'état de béatitude, du sentiment de puissance, que j'ai pu ressentir à ce moment là.

Tout était clair.

Une activité où je puisse exercer ce que j'aime faire, dans plein de domaines sans être un expert dans aucun d'eux.
Une activité dans laquelle je suis mon "patron". Pour laquelle si je décide d'y consacrer 60h par semaine, le résultat financier en découlera.
Une activité à mener de chez moi, chez moi.
Une activité saisonnière, très accaparante une moitié de l'année, plus relax l'autre moitié.
Une activité mêlant rapport aux autres et activités solitaires.
Une activité sujette à des développements, des innovations concrets.
Une activité qui va me laisser du temps pour moi et pour les miens.
Une activité qui va enfin pouvoir permettre à la famille de quitter la petite couronne parisienne et de retrouver l'horizon.
Une activité pas forcément lucrative, mais avec tellement d'avantages que je laissais un peu de côté ce bémol alors que tout le reste m'enthousiasmait.

J'allais créer, aménager, décorer, embellir, proposer, gérer et développer un ensemble de gîtes ruraux à la campagne.

Le premier pas était fait. Le reste viendrait.

vendredi 15 janvier 2010

Que faire ?

Prof... et après ? - De la Zep aux Étoiles
Quand on est prof, il n'y a pas beaucoup d'évolution possible. Devenir conseiller pédagogique. Devenir inspecteur, devenir prof ailleurs ou directeur. Bon, ça on oublie, l'école va de plus en plus mal, je ne m'y sens pas bien, aucun plaisir, aucune envie, aucun sens. Sauf à être masochiste, cherchons ailleurs.

Depuis quelques années on a un outil à disposition, nous les profs, qui s'appelle iProf. Grâce à iProf, on peut voir dans quelle école on est nommé (enfin, il faut attendre le 15 septembre pour la mise à jour), on peut voir ses états de congé, on a une boîte mail dans laquelle on reçoit plein de documents très intéressants (mais ces paresseux de profs n'y vont pas ! Du coup, on leur écrit un mail sur leur mail perso pour leur dire qu'il y a des documents importants à lire dans leur boîte mail pro...)
On peut aussi y lire si on est marié, le prénom, 2e prénom et date de naissance de nos enfants, notre adresse, nos numéros de téléphone, on y est très bien fichés. Et puis il y a un onglet "Vos perspectives" et "Autres parcours" Là on apprend que l'on peut être détaché dans un autre ministère.
Le souci, c'est qu'on est prof. Et autant un comptable qui bosse à l'Intérieur, et ben il peut exercer son métier dans tous les autres ministères, autant celui qui est prof...
Je peux repasser des concours pour travailler dans l'administration. Mais un concours ça demande du temps de préparation, les congés-formation sont accordés au compte-goutte, et puis travailler pour un chef, si je peux éviter je ne choisis pas cette voie.

De plus, qu'ai-je appris en dix ans d'enseignement qui soit utile dans un autre métier ? Quelles compétences professionnelles ai-je acquis que je puisse réinvestir ailleurs que dans une classe ? Rien de probant...

Dans quel(s) domaine(s) suis-je pointu ? Aucun. Je bricole dans beaucoup de domaines, j'adore ça d'ailleurs, mais rien que je maîtrise à un niveau me permettant de prendre cette voie.

Viennent le découragement, la déprime, la boisson, le sentiment d'être nul, une petite voix qui vient souvent me traiter de fainéant, ou d'égoïste qui ne voit pas la chance qu'il a d'avoir un emploi garanti, de faire le plus beau métier du monde, avec autant de vacances, etc. etc.

Se sortir de ce marasme, pour soi avant tout. Sortir de cette torpeur anesthésiante qui fixe sur la chaise, incapable d'avancer tellement on doute. Écouter la faible voix qui pousse à croire en soi, à cesser d’aligner arrêt maladie sur arrêt maladie avec tout ce que ça comporte de culpabilité et de mensonge, que je déteste.
S'en sortir pour les siens aussi, qui s’éloignent, se figent, s'interrogent...