dimanche 18 avril 2010

Partir - Se mettre en disponibilité



Être mutés ailleurs ensemble, impossible.
Bricoler une magouille pour se faire passer pour malade, pas imaginable.
Restait une solution, le rapprochement de conjoint.
Et pour moi, la mise en disponibilité. Rassurante pour moi et pour les banquiers: si j'échoue dans mon entreprise, je retrouve un poste d'enseignant assuré.
La simplicité même: demander à être mis en disponibilité pour création d'entreprise en début d'année, se domicilier dans le lieu enchanteur que j'allais trouver, ma femme fait sa demande de mutation pour rapprochement de conjoint, hop +150 points, mutation acceptée, en juillet nous sommes de nouveau ensemble, ailleurs.

Mais ce n'était pas encore assez complexe pour l'administration, car pour demander une mise en disponibilité, non seulement il y a un moment précis dans l'année pour le faire, mais en plus ce type de disponibilité peut être refusée...

Voici donc la procédure:
- En janvier je dépose une demande de mise en disponibilité, éventuellement accordée pour le mois de septembre suivant.
- Malgré la situation des Hauts-de-Seine, département déficitaire en profs, l'inspecteur est bien luné quand il prend en main mon dossier, et accepte de me placer en disponibilité à partir du 1er septembre
- Ma femme dépose une demande de mutation pour rapprochement de conjoint vers le mois de novembre
- Elle doit fournir un justificatif de notre séparation physique, autrement dit entre septembre et mars je dois avoir trouvé LE lieu, l'avoir acheté, avoir obtenu un prêt et pour l'achat et pour l'aménagement de gîtes, tout ça sans salaire puisque placé en disponibilité. D'ailleurs, toutes les aides favorisant la création d'entreprise ne me sont pas offertes puisque fonctionnaire...
- Je trouve, achète, aménage cette propriété (c'est le fameux sketch de Bigard, la chauve-souris...) et ai une belle boîte à lettres à mon nom.
- Pendant ce temps-là, avec un seul salaire, ma femme gère tout, le quotidien, les filles, les factures, tout va bien, avec ses 1600 € de salaire c'est sans aucun souci...
- Chauve-souris toujours, son barème et les points de rapprochement de conjoint font que sa demande de mutation est acceptée.
- Il ne reste plus qu'à demander une école dans le nouveau département. Bon, tous ses points sont rayés de son dossier, elle va devoir certainement galérer 2 ans, 3 maximum en étant nommée sur plusieurs postes dans le département, mais c'est comme ça, au moins on a réussi !



Mais si on arrête d'être optimiste béat, si on tente l'hypothèse pessimiste et possible...
Et bien encore une fois on reste en prison dorée...

Premier coup de mou, premières leçons

Ce qui paraissait facile et rapide nous échappe donc. Notre appartement est en vente, mes idées sont déjà en Province, le monde de l'école est déjà loin et tout est remis en question.
De toutes façons, l'idée demeure et ce n'est que partie remise, l'appartement reste en vente, on peut en tirer un bon prix, du coup disposer d'un capital important, et on se trouvera une location en attendant de trouver la bonne affaire en Vendée.
Et puis, passée la déception, je me mets à réfléchir à l'emballement dont j'ai fait preuve, en me masquant les éléments négatifs liés à Baguenard. Je mûris mon projet, et je cherche à pérenniser cette future activité afin qu'elle me permette d'en dégager un bénéfice suffisant pour vivre. En bouquinant, deux faits apparaissent:
1. Ce n'est pas compliqué de louer 8 semaines en été; ça l'est beaucoup plus d'attirer des gens le reste de l'année.
2. Ce n'est pas compliqué de louer une première fois; ça l'est davantage de donner envie aux gens de revenir.

Et à Baguenard, les touristes ne seraient peut-être pas revenus. Comme il est difficile de se mettre dans la tête des autres sans faire une enquête minutieuse, je me fie à ce que nous recherchons quand nous partons dans un gîte:
- Du silence
- Un lieu joli
- Du confort pratique
- La possibilité de se mettre en slip sans être sous le regard d'autres personnes...
Donc, pas de bruits aériens, donc pas de mitoyenneté ni de trop grande proximité, donc un aspect extérieur qui ne soit pas un vulgaire crépi. Tout l'opposé de Baguenard. Le seul aspect positif finalement, à part le prix, jamais revu pour un tel complexe ! c'est un grand gîte sur les trois, capable d'accueillir des groupes, une petite dizaine de personnes.
C'est intéressant la location à des groupes. Il y a peu de structures qui soient prévues pour dix personnes ou plus. On peut y venir à deux familles, trois familles, qui divisent du coup le prix de la location. On peut toucher des groupes réunis par intérêt, une association, des amateurs de musique, peinture, yoga... Ça c'est un critère à retenir.
D'ici là, les grandes vacances approchent, et l'appartement est vendu. Passage chez le notaire en septembre, déménagement dans la foulée, location temporaire dans un grand F2 ou petit F3, le gros de nos affaires, on le stockera en attendant chez la famille.

samedi 17 avril 2010

Partir - Instit dans un autre département

Bien avant l'envie de changer de voie, nous avions eu envie de changer de département d'exercice, marre du bitume, marre des transports, marre du gris et du froid. Facile, on va faire une demande de mutation.

Une fois son concours obtenu, on est affecté dans le département dans lequel on a passé ce concours, en l'occurrence pour nous les Hauts-de-Seine. On peut chaque année demander à être nommé dans une autre commune du 92, si toutefois on a un nombre de points suffisant. Plus les communes sont calmes plus il faut de points pour espérer y être nommé. Un débutant a plus de chances d'être nommé sur un poste à Gennevilliers qu'à Marnes-la-Coquette.
Souvent les premières années, et même plus longtemps on n'a même pas assez de points pour avoir un poste définitif; on a alors un poste provisoire: dans le meilleur des cas fin juin, sinon début septembre on est nommé pour une année dans une école, ou dans plusieurs écoles à la fois, des mater les lundi-mardi, un CE2 le jeudi et un CP le vendredi par exemple...

Pour changer de département, on parle de mutation. Là aussi, un système de points permet de voir sa demande aboutir ou non.
Naïfs et faisant complètement confiance à notre cher ministère, nous nous renseignons sur la possibilité de pouvoir aller travailler dans une prairie plus verte. On dépose une demande de mutation conjointe, et grâce à des outils de calcul de points en ligne, sur le site des syndicats, on calcule notre barème:
À l'époque, 5 ans d'ancienneté, rapprochement de conjoint, pas concernés, enfants à charge, oui, mais ça ne compte que pour un rapprochement de conjoint, ... calculer... 30 points. Ok.
Tiens, sur ce même site, les statistiques des mutations des années passées, jetons un oeil, on va voir où on peut aller avec 30 points:


 Gasp... Avec 30 points, on peut aller dans le Haut-Rhin, le Val-de-Marne ou le Val d'Oise...

Très naïfs et aveuglément confiants dans cette grande maison qu'est l'école, on se dit qu'on est encore débutants, il va falloir attendre quelques années, c'est normal.
Retour sur le site, on va faire une simulation de points, disons avec 15 ans d'ancienneté, donc dans 10 ans:
Calculer...
83 points........
Là on ouvre les yeux, on devient méfiant, défiant, on se dit qu'on est dans une prison dorée, et que seules deux solutions s'offrent à nous si on veut aller exercer ailleurs:
1. Tomber malade, ou se faire passer pour malade, 500 points
2. Se séparer, l'un de nous deux se débrouille pour aller dans un autre département, du coup demande de rapprochement de conjoint, 150 points.

Conclusion, même en se séparant physiquement, même en s'arrangeant je ne sais pas comment pour que l'un de nous deux parte en Province (ce qui laisse une chance quasi nulle en restant dans ce métier), même en bricolant ainsi rien ne nous garantit d'être de nouveau ensemble l'année suivante.

Prison dorée... Ah les vacances, la sécurité de l'emploi, quelle chance on a !

mardi 13 avril 2010

On a failli acheter - 1/4

On se met à chercher des terrains en Vendée, maison d'habitation + dépendances à mettre en location. Pas évident. 400 000 € au bas mot, rien d'époustouflant...
Quand un jour on trouve.
Vouvant, seul plus beau village de France de Vendée, 1 maison d'habitation avec 4 chambres, 3 gîtes, une piscine, 6000 m² de terrain... pour 260000 euros ! Vache ! Les vendeurs sont anglais, et veulent repartir en Angleterre pour s'occuper d'une aïeule.

Je me rencarde un peu, vois le terrain de haut, Google maps et cadastre, demande des précisions quant aux charges, commence à faire un ersatz de budget prévisionnel, ça colle !
On connaissait déjà Vouvant pour y être passé, sa forêt, ses vestiges, sa légende de la la fée Mélusine, village de peintres... Impeccable !


Dans la foulée, j'apprends l'existence d'un autre gîte à vendre, ou plutôt deux gîtes créés il y a peu par un couple dont la femme vient de tomber malade, ils arrêtent leurs projets...
Ce gîte sera notre point de chute avec l'idée de peut-être l'acheter, et nous irons visiter le grand domaine avec ses 3 gîtes.
Les enfants confiés, on part en Vendée. Les deux gîtes en vente vont se révéler trop petits, bien rénovés, bien décorés, mais pas de maison d'habitation et un terrain de 2000 m²... trop juste.
Le lendemain de notre arrivée, on visite la propriété du lieu-dit "Baguenard". N'ayant pas bien repéré l'adresse par satellite, on galère à trouver. Au bout d'un chemin on croit être arrivé au paradis: vastes étendues d'herbe, vieilles bâtisses, déco sympa, paysage vallonné...  Mais une fausse route, on nous aiguille vers une propriété avec un gîte, en vente, tenu par des Anglais. En effet on trouve cette propriété, superbe, très luxueuse, mais pas la bonne adresse. On visite quand même, la maison, le gîte, sauna, jacuzzi, 2 Ha de terrain... Pour 299 000 € ! Intéressant, mais on a mieux à visiter !

Enfin on trouve la bonne adresse, de l'autre côté d'un pont construit par Gustave Eiffel, en bordure d'une départementale assez fréquentée. Pas grave, me dis-je, je planterai des espèces végétales réputées pour atténuer le bruit. Le bruit m'a toujours gêné, c'est atavique, mon père était chanteur classique et hyper-sensible aux nuisances sonores, j'ai de bons restes... Ça deviendra d'ailleurs un critère de recherche primordial par la suite.

Des Anglais sympas, une grande maison mal décorée, deux gîtes loués sur les trois, une piscine dont le revêtement et les abords sont à refaire, 1500 m² de terrain sur les 6000 en pente, en friches, inaccessibles...
Les gîtes sont pratiquement mitoyens, est-ce vraiment une disposition qui correspond à l'idée que j'ai des vacances, calme, intimité ? Pas vraiment... Mais le tout est donné ! Notre appartement à Houilles, de 65 m², on peut le vendre au bas mot 200 000 euros ! Alors on fonce...aveuglément.

On fait appel à une entreprise locale, des Anglais aussi, cette région de Vendée est truffée d'Anglais

Devis de 100 000 euros pour modifier, abattre, construire... Ok, on marche.

Dans la foulée on décide de mettre en vente notre appartement à Houilles, je bricole une pancarte accrochée dans la rue, on parle de nos projets aux filles, à nos parents, ça y est le changement de vie est sur les rails !

On est alors en avril 2010, et c'est le début de la crise. Si ça continue, l'euro ne vaudra pas grand chose face aux monnaies extra-européennes, comme la livre sterling. Les propriétaires prennent peur. Eux qui avaient commencé à vendre pour un montant de 400 000 euros, qui ont beaucoup baissé le prix, s'imaginer en obtenir encore moins une fois les euros convertis, c'est trop pour eux. On apprend qu'ils préfèrent vendre à des Anglais, en cash et en livres sterling.

D'un coup le rêve s'écroule. Non, ce n'est pas possible ! Impensable ! On va trouver une solution !!
On contacte l'agent immobilier bilingue, rien à faire; je contacte ma mère, bilingue aussi, en lui disant de jouer sur la corde sensible, et le cas échéant de dire qu'on peut proposer un montant supérieur.... Ma mère veut bien appeler. De longues minutes s'écoulent avant qu'elle nous joigne: Les propriétaires nous trouvent sympa, aimeraient qu'on réalise notre projet, mais  la crise, la crise... Ils sont désolés mais vont vendre à d'autres Anglais, pas à nous.